Éthique ou pas, la chirurgie sur les animaux est indispensable pour la formation des jeunes chirurgiens, selon l’Académie de médecine

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Face à la polémique qui a ébranlé cet été le CHU de Clermont-Ferrand, accusé de maltraitance envers des porcelets, l’Académie nationale de médecine a rappelé hier l’importance de l’entraînement sur les animaux pour les jeunes chirurgiens, tout en plaidant pour un recours « limité » et garant du bien-être des cobayes.

 

Éthique ou pas, la chirurgie sur les animaux est indispensable pour la formation des jeunes chirurgiens, selon l’Académie de médecine

© Midjourney x What's up Doc

Éthique, peut-être pas, mais en tout cas nécessaire : « le recours à un modèle animal pour l’apprentissage de la chirurgie endocavitaire reste incontournable dans le cursus de formation des chirurgiens », a déclaré lundi dans un communiqué l’Académie nationale de médecine.

« En France, comme dans de nombreux pays, l’apprentissage de la chirurgie endocavitaire est réalisé en partie chez l’animal, avant tout chez le porc, dont les similitudes de taille et d’anatomie des organes avec celles de l’Homme permettent cet apprentissage », a-t-elle précisé. 

S’il existe des alternatives, comme des modèles d’apprentissage in vitro (mannequins) ou in silico (simulateur informatique), qui sont à utiliser en première intention, elles ne permettent pas une reproduction optimale des spécificités anatomiques humaines.

En effet, ces modèles « ne permettent pas de fournir au chirurgien un retour haptique réaliste » (ressenti au toucher, ndlr). 

Ils ne reproduisent pas non plus correctement les saignements éventuels typiques de ce genre de chirurgie, selon l’Académie, qui s’appuie sur une étude allemande de 2022 évaluant l’intérêt de l’utilisation d’animaux en chirurgie laparoscopique.

Bientôt la fin ?

Les progrès « rapides » en termes de modelage, tendant à rendre les mannequins de plus en plus réalistes, font toutefois espérer une disparition prochaine de l’expérimentation sur les animaux.

Pour autant, l’abandon immédiat de cette pratique conduirait, selon la société savante, à « une formation imparfaite des chirurgiens et, corrélativement, à un risque chirurgical plus élevé pour le malade ».

L’Académie souligne cependant que le recours aux animaux dans une perspective de formation doit être « limité au strict nécessaire » et « s’effectuer dans le plein respect du bien-être animal » après une « évaluation éthique par une entité officielle et sous la supervision d’un vétérinaire ».

« Outils vivants »

Fin août, une enquête menée par les associations de défense des animaux One Voice et Camp Beagle, avait révélé des pratiques controversées sur des porcelets au sein du CHU de Clermont-Ferrand et de son fournisseur. 

« Des truies sont parquées dans des cages où elles ne peuvent se mouvoir. Impossible pour elles d'y faire le moindre pas, ne serait-ce que pour éviter d'écraser leurs petits », avait relevé l’enquête.

Les mêmes porcelets qui seront, au CHU, « anesthésiés pour servir d'outils vivants à des étudiants et médecins, et subir hystérectomies, néphrectomies, sutures... » dont « ils ne se réveilleront pas ».

Une pratique dénoncée par certains médecins, qui avaient mis en avant des alternatives déjà existantes, comme le pelvitrainer, un simulateur laparoscopique. 

Un rassemblement avait été organisé dans la foulée devant le CHU, à l’initiative des associations, pour dénoncer ces agissements jugés immoraux.

En 2021, le parlement européen a approuvé une résolution visant à se passer de l'utilisation d'animaux dans la recherche dès que possible, arguant notamment qu'« un principe de base dans les sciences du vivant est qu’aucune espèce animale n’est un modèle biologique pour une autre ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/debat-pourquoi-leurope-veut-interdire-lexperimentation-animale-et-avec-quelles-consequences

Récemment, le CHU de Nancy a lui décidé d’associer ses internes en chirurgie à des parties de chasse, au cours desquelles ils pouvaient analyser les blessures par balle, auxquelles ils sont rarement confrontés, sur les chevreuils « prélevés » par les chasseurs. 

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