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La chirurgien se retrouve aussi dans l’aspect « très vaste » de sa spécialité. « C’est tellement varié qu’il faut se spécialiser dans un domaine car on ne peut pas tout faire », affirme celle qui ne s’est pas initialement orientée vers la chirurgie maxillo-faciale. C’est lors de son passage dans le service ORL de l’hôpital Bichat, où elle découvre aussi la cancérologie, qu’elle a un « coup de cœur » pour la chirurgie reconstructrice de la face.
Microchirurgie et compagnonnage
« La relation médecin-malade est hyper chouette en cancérologie. Il y a une vraie relation de confiance qu'on noue avec les patients et c'est très riche même si on ne peut pas toujours les sauver », explique-t-elle. « Je ne me verrais pas du tout faire de l'esthétique pure avec une patiente qui vient pour une rhinoplastie esthétique avec son power-point ». Encore marquée par la mort d’un jeune patient de 16 ans dans un service d’hématologie adolescents-jeunes adultes, elle se sent « utile » même si « on ne peut pas tous les sauver », concède-t-elle. « En cancérologie tête et cou, les patients qui vont mourir ne sont plus en chirurgie mais en oncologie. C’est très différent ».
La première fois qu’elle entre dans un bloc, Dr Nokovitch assiste des médecins qui opèrent un infarctus mésentérique nécrosé et tient les écarteurs pendant deux heures. « Pendant ce temps-là, un chirurgien ne faisait que de me demander comment ça allait et de me répéter que j’étais brave », se souvient-elle en riant. « Je me suis tout de suite dit "Waow c’est incroyable je vois dans le ventre de quelqu’un c’est fou !" ». Depuis, la chirurgienne n’a plus de « montées d’adrénaline » quand elle opère mais prend surtout « beaucoup de plaisir », notamment en microchirurgie.
J'aime bien aller dans des zones anatomiques où il y a des structures un peu nobles à disséquer. C’est un temps opératoire qui me plait.
Elle adore, par exemple, la chirurgie de la parotide, cette glande salivaire devant l'oreille traversée par le nerf facial. « Il faut aller rechercher le tronc du nerf et puis disséquer chaque petite branche de façon très minutieuse pour minimiser au maximum le risque de paralysie faciale. C'est une intervention que j'aime beaucoup », confie-t-elle. Si elle capable d’opérer comme elle le fait, Dr Nokovitch affirme que c’est en grande partie grâce à une chirurgienne « extraordinaire » à qui elle « doit beaucoup » rencontrée en début de cursus et aujourd’hui la marraine de sa fille. Elle lui a appris, entre autres, à être « obsessionnelle » au bloc.
« J'ai tendance à vérifier toujours dix fois que je suis bien au bon endroit, que je n'ai pas coupé le mauvais vaisseau et surtout que j'ai bien tout préparé correctement pour éviter de faire des erreurs ». « Je pense qu’il faut être obsessionnel quand on est chirurgien », plaisante-t-elle. C’est pour poursuivre cette tradition de compagnonnage que Lara Nokovitch se destine à une carrière universitaire à l’hôpital. « Je trouve ça très chouette d'avoir des internes et des jeunes qu'on peut accompagner comme moi j'ai pu l'être ».