
© Midjourney x What's up Doc
« Pour 8 millions de Françaises et Français la situation n'est plus supportable : pas de médecin traitant voire pas de médecin tout court. Des départements entiers dépourvus de certaines spécialités. Et en bout de chaîne des urgences qui craquent », a dépeint Guillaume Garot (PS), à l'initiative de la proposition depuis 2022 avec un groupe transpartisan.
Cosigné par plus de 250 parlementaires, le texte est soutenu au-delà de la gauche (18 LR, 14 MoDem, 11 macronistes, 7 Horizons).
Son article premier vise à réguler l'installation des médecins en ville, qui devraient, pour ce faire, solliciter l'aval de l'ARS. Ceux-ci pourraient poser leurs valises librement en zones sous-dotées, mais ne pourraient s'installer dans les territoires mieux pourvus que lorsqu'un confrère s'en va.
Seule mesure supprimée
La principale critique opposée est le risque de voir des médecins rechigner à s'installer. « Combien d'internes pourraient être désincités à faire le choix de l'installation et préférer le salariat », dans un centre de santé par exemple, a alerté Thibault Bazin (LR). C'est simplement « un aménagement de la liberté d'installation », juge au contraire Xavier Breton (LR).
« Je maintiens que c'est une forme de coercition », a critiqué Christophe Bentz (RN).
Guillaume Garot invoque lui le « bon sens », alors que les pharmaciens par exemple sont soumis à une régulation et que « les inégalités se creusent ». « Le nombre de médecin par habitant varie de 1,65 pour 1 000 habitants dans l'Eure (contre) 9 pour 1 000 à Paris », a abondé Hadrien Clouet (LFI).
Après des débats animés, la commission des Affaires sociales a supprimé l'article. Elle a en revanche adopté d'autres mesures du texte : suppression de majoration des tarifs pour les patients sans médecin traitant, garantie de l'existence d'une formation de médecine (a minima de première année) dans tous les départements, ou le rétablissement d'une obligation pour les médecins libéraux de participer à la permanence des soins.
« Nos arguments ont fait mouche »
« On est content de voir qu’il a quand même une sorte de lucidité sur la dangerosité de la mesure », a réagi à chaud auprès de What's up Doc le Dr Raphaël Dachicourt, président du syndicat Reagjir.
« Cela démontre que nos arguments ont fait mouche auprès des parlementaires », a ajouté Killian L’helgouarc’h, président de l’Isni, pour qui le maintien de l’obligation de participer à la PDSA « reste un non sens » au vu de sa couverture quasi-complète du territoire national.
Cependant, « ne soyons pas dupes, Guillaume Garot reproposera sans doute » l'article lors de l’examen en séance publique, a tempéré Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG (internes de médecine générale). « La bataille n'est pas terminée », « on restera vigilant », ont prévenu les deux internes.
Effectivement, les initiateurs du texte espèrent réintroduire sa mesure-phare dans l'hémicycle. Mais malgré son inscription au programme de la semaine du 31 mars, l'embouteillage du calendrier laisse peu de chances à l'étude de cette proposition, ou pas entièrement.
Le Premier ministre François Bayrou a assuré aux chefs de groupes parlementaires vouloir se mobiliser contre les déserts médicaux, sans précisions.
Il annoncera « dans les jours qui viennent » de « nouvelles mesures », a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
Avec AFP