La mort lui va si peu Critique de "Le dernier souffle" de Costa-Gavras au ciné !

Article Article

Critique de Le dernier souffle de Costa-Gavras (sortie le 12 février 2025).

 Suite à une IRM de surveillance, le philosophe Fabrice Toussaint (Denis Podalydès) croise le chemin du chef de l'unité de soins palliatifs de l'hôpital (Kad Merad). Une curiosité s'installe et une amitié naît, nourrie de questionnements réciproques. 

La mort lui va si peu Critique de "Le dernier souffle" de Costa-Gavras au ciné !

Denis Podalydès et Kad Merad dans Le dernier souffle de Costa-Gavras

© DR.

Prisonnier d'un dispositif empesé et d'une sacralité à l'opposé du message qu'il cherche probablement à transmettre, Costa-Gavras réalise un film maladroit et singulièrement exsangue de tout cinéma. 

Il semble y avoir méprise autour du dernier film de Costa-Gavras, qui est une oeuvre non pas sur la fin de vie mais sur deux hommes qui en devisent. Dès lors, sans réelle incursion documentaire ni matériau de fiction minimal, il se condamne au mauvais choix et se montre réduit à tenter de composer une trame scénaristique purement fonctionnelle, articulant péniblement les séquences didactiques diversement intéressantes censées illustrer les différentes facettes des soins palliatifs. L'émotion y est rarement présente, écrasée par les dialogues artificiels, le jargon médical et les déclamations constamment théâtrales et volontiers sentencieuses de personnages stéréotypés à l'excès, et si dans une scène le docteur Massenet affirme que son service est « un lieu de vie où l'on rit plus souvent qu'on ne pleure », aucun rire authentique ne sera offert au spectateur pour confirmer cela. 

« Costa-Gavras, avec une atonie qui ne lui est pas habituelle, semble pénétrer en territoire sacré, alors que son film voudrait montrer l'inverse » 

Avec une atonie qui ne lui est pas habituelle, Costa-Gavras semble pénétrer en territoire sacré, alors que son film voudrait montrer l'inverse, sortant par moments l’artillerie lourde, entre une découverte du porno dans une tribu de jeunes bourgeois comme symbole provocateur et païen de la pulsion de vie, et une exhibition de poitrine amputée à visée déstigmatisante, conjuratrice mais surtout malvenue. C'est aussi une célébration de l'entre-soi, où l'on trinque au champagne entre grands pontes l’imagerie rassurante du frère du patron, où le secret médical est facilement transgressable dès lors que la personne avec laquelle on le rompt est influente ou célèbre, et où l’on devise entre CSP ++ du sort des vieux autour d’un bon gigot. La fin de vie du point de vue des puissants.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/diaporama/les-10-films-quil-ne-fallait-pas-rater-en-2024-notre-palmares

Passées ces maladresses, reste le fond. De nombreux films sont déjà passés par là, et le travail d'Emmanuelle Bercot dans De son vivant était autrement plus convaincant, les anecdotes égrenées par le médecin interprété par Kad Merad rappelant d'ailleurs celles du docteur Gabriel Sara. Et pourtant, le film parvient à créer quelques moments de force insoupçonnée, justement lors de ces derniers instants que Costa-Gavras arrive à capter, quand les scènes se font silencieuses et intimistes et non plus chorales et tonitruantes. Quant à l'appréhension de la fin de vie par le médecin, elle reste un domaine délicat et intéressant, et sont bien rappelées l'importance tout autant que les limites d'une démarche empirique. Le film prône bien évidemment la professionnalisation, au travers des soins palliatifs dont il célèbre l'importance tout autant qu'il en explore la diversité. 

Aucun commentaire

Les gros dossiers

+ De gros dossiers