Internat en médecine du travail : comment redorer son blason ?

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Marre des préjugés contre la médecine du travail ! Un jeune interne de cette spécialité, François Sahut, a décidé de consacrer sa thèse à combattre toutes les fausses idées que l'on peut se faire sur cet exercice polyvalent de la médecine. Il propose de répondre à un questionnaire, agrémentée d'une vidéo commentée par le grand Michel Cymes. 

Internat en médecine du travail : comment redorer son blason ?

What's up Doc. Pourquoi ce questionnaire ? 

François Sahut. Le projet principal, c’est plutôt la vidéo et pas tant le questionnaire. En visant le public des externes en médecine, cette vidéo vise à casser les préjugés sur la médecine du travail et montrer ce qu’on fait vraiment, pour leur donner envie de découvrir cette spécialité très riche qu’est la médecine du travail. 
 

WUD. Quand avez-vous lancé ce projet ?  

F. S. Je l’ai lancé il y a un an et demi environ avec, pour commencer, la rédaction du scénario qui m’a pris un temps fou. 

WUD. Quels sont les principaux préjugés qui s’attachent à la médecine du travail ?  

F. S. Les étudiants en médecine pensent que ceux qui choisissent la médecine du travail sont ceux qui ont raté leurs études. Pour eux, le médecin du travail ne fait pas de clinique, il se contente juste de signer des aptitudes à un poste de travail. Voilà, globalement, on trempe des bandelettes dans les urines, on met un coup de stéthoscope, un coup de tension et hop, circulez il n’y a rien à voir ! Alors qu’il y a un monde entre ça et la pratique réelle.
 

Plus de la moitié des externes aimerait y faire un stage

WUD. Pour vous quelle serait la spécificité de la médecine du travail ?  

F. S. Il y a tellement à dire mais si l’on veut être un peu synthétique, on peut dire que c’est l’une des spécialités les plus polyvalentes, elle comprend de la clinique, mais aussi une activité préventive sur le terrain, dans les entreprises ; qu’elle soit médicale, scientifique ou sociale mais aussi parfois de médecine d’urgence. Cette spécialité permet de laisser épanouir une certaine créativité et curiosité, on peut aussi découvrir le « monde réel », à mille lieues du milieu hospitalier et des cabinets médicaux par exemple. 
 

WUD. De nombreux médecins du travail sont confrontés à de nombreuses difficultés pour exercer leur profession, du fait d’injonctions judiciaires provenant très souvent d’employeurs. Comment appréhendez-vous ce phénomène ? 

 
F. S. J’ai entendu parler de quelques affaires comme ça, oui, mais ce n’est pas monnaie courante. Si on en entend autant parler c’est surtout que ces situations sont particulièrement médiatisées. Cela peut arriver en médecine du travail car nous nous éloignons par moment du soin stricto sensu, nous avons plusieurs interlocuteurs, le salarié, l’employeur, la sécurité sociale, etc. et des situations parfois très conflictuelles entre ces parties où il faut être particulièrement prudent sur ce qu’on dit, ce qu’on fait et ce qu’on écrit. Mais c’est le cas pour toutes les spécialités, on l’a vu récemment avec cette mise au point du CNOM et du ministère sur la rédaction des certificats médicaux.
 

WUD. Que pensez-vous du nombre de places attribuées à la médecine du travail ? 

 
F. S. Aujourd’hui, nous avons 122 places avec 7 de moins que l’an dernier. Le nombre de places se réduit d’année en année dans un souci de cohérence, afin de mettre en adéquation le nombre de postes ouverts et le nombre d’internes qui prennent ces postes. Le nombre de postes se réduit comme peau de chagrin donc nous nous battons pour qu’il ne soit pas réduit davantage mais aussi pour qu’il soit mieux réparti sur l’ensemble du territoire. Et c’est important car on sent une nouvelle dynamique chez les externes qui s’intéressent de plus en plus à la spé.
 

Le nombre de places se réduit d’année en année dans un souci de cohérence

WUD. Pour vous, quelle serait la mesure phare qui permettrait de redorer le blason de la médecine du travail ? 

 
F. S. Je pense qu’il n’y a pas de mesure phare particulière, le blason de la médecine du travail n’est plus très doré depuis quelques années. Cela fait quarante ou cinquante ans que ces préjugés sont en vigueur, et ils sont toujours propagés auprès des étudiants en médecine. C’est dommage car nombre d’étudiants en médecine sont soumis à ces préjugés et n’ont pas toutes les cartes en main pour juger de la médecine du travail. C’est vraiment dommage et c’est pour cela que j’ai entrepris la réalisation de cette vidéo dans le cadre de mon travail de thèse, dont l’objet est de faire un état des lieux de l’image de la médecine du travail et évaluer l’attrait des externes pour des stages en médecine du travail. Et ça tient à peu de choses car en donnant aux étudiants les clés pour comprendre ce qu’est vraiment la médecine du travail, on se rend compte que bien plus de la moitié des externes aimerait y faire un stage. Affaire à suivre une fois ce projet terminé !

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