Infections nosocomiales : pas mieux

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Mais bravo pour la stagnation !

Infections nosocomiales : pas mieux

La prévalence des infections nosocomiales est restée stable entre 2012 et 2017. Un patient hospitalisé sur vingt serait touché, d’après la dernière enquête de Santé publique France. 

Les hôpitaux et les cliniques s’engagent, mettent en place des protocoles. Les médecins, aides-soignants, infirmiers, et les autres professionnels donnent de leur temps et de leur personne pour tout respecter à la lettre, quitte à dissoudre leurs mains dans la solution hydroalcoolique. Mais, enfin, cinq ans après le dernier bilan, c'est le soulagement : la prévalence des infections nosocomiales… est la même.

L’enquête nationale de prévalence 2017, dont les résultats ont été présentés le 4 mai par Santé publique France, suggère que 4,98 % des patients hospitalisés déclarent une infection nosocomiale. C’est un tout petit peu moins que les résultats précédents, établis en 2012, à savoir 5,1 %.

La réa cracra

L’enquête de prévalence des infections nosocomiales est une photographie à un instant donné à l’échelle nationale. Plus de 400 établissements de santé tirés au sort ont participé à l’enquête, et devaient fournir leurs chiffres sur une journée comprise entre le 15 mai et le 30 juin 2017. Plus de 80 000 patients ont été inclus.

En décortiquant ces 4,98 %, on peut sortir un tiercé gagnant des services : sans surprise, le grand favori, la réa, arrive en tête avec 24 % d’infectés et plusieurs foulées d’avance sur la chir’ (8 %) et les services de court séjour (6 %). Les services de SSR sont éjectés du podium, et en queue de peloton, on retrouve l’obstétrique avec moins d’1 % de patients infectés.

Doit-on encore vous présenter les agents pathogènes stars ? La seule question est la suivante : en tête, E. Coli ou Staph doré ? Et cette fois encore, c’est E. Coli qui gagne, avec près d’un quart des infections. S. aureus suit (14%), devant Enterococcus faecalis (6,5 %) et Pseudomonas aeruginosa (6 %).

Ces bactéries évoluent toujours sur les mêmes terrains : infections urinaires et du site opératoire (28 et 16 %), et pneumonies (15,5 %).

C’est pas si mal

Le constat de stagnation entre 2012 et 2017 n’est pas forcément un constat d’échec de la politique de réduction des risques infectieux. Les auteurs de l’enquête ont encore du mal à analyser les résultats, mais émettent des hypothèses. « Les patients sont de plus en plus âgés et donc fragiles », a avancé en conférence de presse Anne Berger-Carbonne, responsable de l'unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques à Santé publique France, et l’une des auteurs de l’étude.

Les chiffres ont donc peut-être atteint un plancher après, il ne faut pas l’oublier, de fortes améliorations enregistrées lors des études précédentes. La prévalence avait baissé de 10 % entre 2006 et 2012, et de 25 % depuis 2001, et la France se situe désormais dans la fourchette basse au niveau européen. « C’est une sorte d’équilibre », a ainsi commenté Pierre Parneix, président de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H). « Je trouve que le système de prévention reste actif et dynamique, et 5 %, c’est plutôt un bon chiffre », a-t-il estimé.

Autre bonne nouvelle : les services hospitaliers jaugés ont utilisé moins d’antibiotiques. Un peu moins : 1,3 %. C’est déjà ça.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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