Inégalités dans l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 : Tous perdants

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Une personne sur 500. C’est le nombre de personnes vaccinées en moyenne dans les pays pauvres. Une inégalité d’accès aux soins qui risque de prolonger l’épidémie dans le monde.

Inégalités dans l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 : Tous perdants

La différence de moyens entre les pays riches et les pays pauvres fait le lit de pandémie. Un an après le lancement de l’accélérateur ACT pensé pour favoriser le déploiement équitable des outils de lutte contre la Covid-19 partout dans le monde, ce dernier fait face à de nombreux freins par faute de financements. « Si ce trou n’est pas comblé, les pays à revenu faible et intermédiaire verront leur accès à ces outils vitaux retardé en 2021, ce qui entraînera une prolongation de la pandémie, avec de graves risques sanitaires mondiaux et des conséquences économiques », indique l'organisation ce vendredi 23 avril. 

À l’heure actuelle, 14,1 milliards de dollars ont été injectés dans ce dispositif porté par des gouvernements, des entreprises, des organisations mondiales de santé ou encore des organismes philanthropiques. Une somme insuffisante par rapport aux besoins réels des pays pouvant bénéficier de ce dispositif. En tout, « 19 milliards de dollars » manqueraient encore à l’appel. « L’[Accélérateur ACT] est la solution la plus complète au monde pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie dévastatrice de Covid-19 », insiste l’OMS sur son site internet.

Un objectif qui prend pour l’heure des airs de mirage. Et pour cause : si en moyenne une personne sur quatre est vaccinée dans les pays riche, ce chiffre dégringole à une sur 500 dans les pays pauvres. « La grande majorité de ces Etats ont à peine vacciné 1 % de leur population. Ce n’est pas suffisant pour avoir un impact sur l’épidémiologie », déplore Soumya Swaminathan, directrice scientifique de l’OMS, auprès du Monde. Cela, sans oublier que, d’après l’ONU, « 24 économies (dont 12 de la région africaine et sept de la région du Pacifique occidental de l’OMS) n’ont pas encore commencé la vaccination ». Une différence de traitement qui se retrouve également du côté du matériel de protection pour les soignants, de l’oxygène nécessaire à la survie des patients ou encore des tests de dépistages.

Pour parvenir à un équilibre dans l’accès aux soins, les partenaires du dispositif - l’OMS, le CEPI, l’Unitaid, le Fonds mondial ou encore la Fondation de Bill Gates - mettent les bouchées double depuis un an. Soutien de la recherche, négociation auprès des industriels, accompagnement de la mise en place des protocoles, aides financières… Tous les leviers sont actionnés. Une activité intense qui leur a permis d’obtenir des avancées. « Cet effort collectif a notamment réduit le prix d’achat des tests de dépistage, qui est passé de 25 dollars à 2,50 dollars l’unité, et nous a permis de fournir plus de 64 millions de tests à des pays défavorisés », explique Emma Hannay de chez FIND, un autre partenaire. Et, d’après les comptes de l’organisation internationale Gavi, plus de 40 millions de doses auraient été expédiées dans 118 pays. « Dont 35 millions à destination de 72 pays à faible revenu par le biais de Covax », précise Seth Berklay, directeur exécutif de ce partenaire de poids.

Des résultats louables mais encore bien loin des 2 milliards prévus d’ici à la fin 2021. Une situation qui ne devrait malheureusement pas s’améliorer compte des difficultés des industriels à produire en grande quantité des vaccins, les pressions à la livraison formulées par les pays les plus riches, ou encore l’arrêt temporaire des exportations de vaccins indiens où la grande majorité des doses destinées au dispositif sont produites.

En conséquence, l’Accélérateur ACT invite les dirigeants à se mobiliser. Un cri du coeur entendu par l’Union Européenne. Bientôt, cette dernière devrait commencer à partager ses vaccins. À commencer par la France qui s’apprête à se délester de 500 000 doses d’AstraZeneca d’ici à la mi-juin. « Chaque dose livrée et chaque vaccin administré est un pas de plus vers un accès équitable et un monde protégé », a récemment rappelé l’organisation internationale Gavi.

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