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Mise à jour du 7 avril :
Marc Adida a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle vendredi par la cour criminelle des Bouches-du-Rhône, qui lui a accordé le bénéfice de l’altération du discernement en raison de sa bipolarité. Une peine assortie d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans à sa libération, avec injonction de soins, avec trois ans de prison supplémentaires si ces soins n’étaient pas respectés, et à une interdiction définitive de l’exercice de la médecine.
Article du 4 avril :
L'une avait consulté Marc Adida pour des obsessions suicidaires – « je voulais nager et ne pas revenir » -, une autre pour des automutilations qu'elle s'imposait depuis l'enfance, une troisième pour des troubles schizophréniques. Et toutes sont vite mises en confiance par leur thérapeute.
« Il me trouve des qualités, j'étais flattée qu'il s'intéresse à moi, il était devenu indispensable », témoigne une première victime, préparatrice de commandes, qui a dénoncé deux viols commis en 2015. « J'ai même eu l'impression de tomber amoureuse », confie la quadragénaire.
En remplaçant un diagnostic de schizophrénie par celui de bipolarité, « le Dr Adida m'a beaucoup rassurée », raconte une autre victime, âgée de 28 ans, aujourd'hui en invalidité à 80% et dans l'impossibilité de travailler.
Mais, très rapidement, il n'y a plus rien de thérapeutique et juste des rapports sexuels.
A la quatrième séance, « il commence à me déshabiller », raconte la plus jeune des parties civiles, une étudiante à l'époque âgée de 19 ans : « J'étais tétanisée, sortie de mon corps. Quand il en était à la culotte, j'ai dit ‘Non, arrêtez !’ Mais il a continué, je suis ressortie de mon corps ».
Paradoxalement, cet état de sidération la pousse à retourner voir Marc Adida. « Dans ma tête, c'est un psychiatre, il y avait espoir qu'il m'aide », explique-t-elle à la barre à Aix-en-Provence jeudi.
La jeune femme ira jusqu'à scarifier ses cuisses « pour lui envoyer un signal visuel de ce qu'elle n'arrivait pas à verbaliser ». Mais les posologies de médicaments prescrites lui « brouillent la tête » : « son emprise faisait que je n'arrivais à en parler à personne ».
Jusqu'à ce 8 mai 2020, quand, sur le portail de la police nationale contre les violences sexistes et sexuelles, l'étudiante dénonce les viols par son psychiatre et demande s'il y a « une procédure particulière pour les docteurs ? »
« Il se prend pour dieu », « un mégalo qui se sent surpuissant » : les victimes le décrivent de la même manière
Chez les trois victimes de viol (ndlr : la quatrième partie civile à ce procès parle d'agression sexuelle), l'emprise et la contrainte apparaissent en filigrane. « Il ne m'a pas forcée physiquement, il a juste profité de ma faiblesse », concède la femme de 28 ans, que le médecin conduisait aussi à l'hôtel.
« Aviez-vous le discernement pour assumer ce type de relation ? », interroge le président.
« Non. J'avais peur de ce qu'il écrivait dans le dossier (médical) », répond la jeune femme, tripotant nerveusement les manches de son pull.
Toutes rapportent les dérives maniaques de leur agresseur, diagnostiqué bipolaire. « Il me disait qu'il s'appelait Marc Moïse » et qu'il y a « 2% d’anges », rappelle la préparatrice de commandes : « Il se prend pour un Dieu céleste dans le ciel, et moi je suis plus bas que terre ».
Dix ans après les faits, la quadragénaire, bipolaire elle aussi, décrit son ancien psychiatre comme « un mégalo qui se sent surpuissant et s'est servi de son métier pour dominer: Il voulait changer la psychiatrie, il se sent unique comme Trump ».
Face à tous ces témoignages, Marc Adida, 52 ans, praticien à l'hôpital Sainte-Marguerite, à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, a une nouvelle fois nié toute responsabilité : « Je conteste tout viol, toute agression sexuelle, que ce soit dans un hôtel, un Airbnb, un bureau, où vous voulez », a martelé l'accusé.
« Ces quatre femmes qui ne se connaissaient pas, elles mentent alors ? », questionne le président.
« Je ne me permettrais pas d'employer le terme de mensonge. Elles décrivent quelque chose qui n'a pas eu lieu », répond-il, suggérant que leurs pathologies en soient la cause.
Confronté aux SMS et courriels adressés aux victimes, dont certains sont accablants : « Souviens-toi le plaisir que tu as pris sur la chauffeuse. » Marc Adida évoque alors une manipulation via « des applications toutes simples ».
Le réquisitoire est prévu vendredi matin, pour un verdict attendu dans l'après-midi.
Avec AFP
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