« Il faut pouvoir opérer de l'appendicite si nécessaire »

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Sous-marinier et multitâches

« Il faut pouvoir opérer de l'appendicite si nécessaire »

WUD : Qu'est-ce qui est le plus difficile quand on exerce la médecine dans un sous-marin ?

Dr Julien Pontis: C'est stressant, car on a beaucoup de responsabilités, mais c'est aussi cela qui est intéressant. En Afghanistan ou au Mali, certains collègues ont entendu les balles siffler. Dans notre sous-marin, on est moins exposés. On est dans des conditions plus confortables qu'eux vis-à-vis d'un danger immédiat, ce qui ne nous empêche pas d'exercer en milieu périlleux. En effet, un sous-marin peut sombrer irrémédiablement sans possibilité de sauvetage. Ce qui compense tous ces dangers, c'est le fait d'avoir une formation très complète pendant deux ans : on fait huit mois de chirurgie, deux mois de soins dentaires, presque autant d'anesthésie. De plus, c'est un sous-marin nucléaire, donc on a aussi une formation en hygiène nucléaire et en radioprotection. Quand on est médecin généraliste, c'est hors du commun et c'est ce qui nous attire dans la pratique de sous-marinier !

WUD : Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon médecin en sous-marin ?

On a une obligation de performance. Se faire plaisir avec une formation très poussée ne suffit pas, il faut pouvoir assumer ces connaissances : si on nous apprend à opérer de l'appendicite, c'est pour être capable de le faire si nécessaire. Ce n'est pas toujours évident. Il faut aussi avoir une formation solide en urgence. Pour ma part, j'ai dû gérer une électrisation grave et un traumatisé grave du thorax, qui avait fait une chute dans une échappée de plusieurs mètres. Il faut être assez serein en situation d'urgence pour pouvoir gérer tout ça avec sang-froid.

Source:

Anne-Gaelle Moulun"

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