«Il faut garder confiance dans notre système hospitalo-universitaire, qui en plus de sa mission de service publique forme aussi les médecins de demain»

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Depuis 2009, le Prix CASDEN récompense les chercheurs de moins de 40 ans, choisi parmi l’ensemble des projets retenus dans le cadre de l’appel à projets en Recherche médicale appliquée de la Fondation de l’Avenir. Aujourd’hui, il a été remis au Dr Jean Porterie, chirurgien cardiaque au CHU Toulouse. Rencontre avec un médecin hospitalier motivé et positif.

«Il faut garder confiance dans notre système hospitalo-universitaire, qui en plus de sa mission de service publique forme aussi les médecins de demain»

What’s up doc : Quels travaux vous ont valu ce prix ?

Jean Porterie : Ce prix nous a été remis par la CASDEN dans le cadre d’une bourse attribuée par la Fondation de l’Avenir. Les travaux consistent à essayer de déterminer l’implication du microbiote dans le développement de certaines pathologies, ici la dégénérescence aortique du sujet de plus de 60 ans. La présence de ces bactéries au sein du tissu valvulaire participerait petit à petit à la formation des lésions valvulaires. L’étude cherche à répondre aux questions suivantes : savoir si on est capable de détecter le portage valvulaire par un test sanguin, et si nous arrivons à retrouver du microbiote sanguin, est-ce que cela peut prédire sa présence au niveau de la valve.

 

Qu’allez-vous faire avec les 16 000 euros de dotation du prix ?

J.P. : Nous allons l’utiliser pour la mise en place de ce projet. Ces 16 000 euros viennent en complément des 35 000 euros qui nous avaient déjà été octroyés par la Fondation Avenir. Cela va nous permettre d’inclure le nombre de patients qui avaient été initialement déterminé et l’ensemble des tests sanguin, biologique et génétique.

 

Ces 16 000 euros vont changer la « donne » ?

J.P. : Les 35 000 n’était pas suffisant pour lancer l’étude telle qu’on l’avait imaginée, nous avions dû revoir à la baisse l’effectif des patients. Ce prix va nous permettre de revenir à l’échantillon initialement calculé par notre statisticien pour mettre en évidence les résultats que l’on cherchait à prouver. C’est une bonne nouvelle !

 

Vous êtes fier ?

J.P. : Cela couronne le travail d’une équipe multidisciplinaire : l’équipe de chirurgie, l’équipe de radiologie, les équipes INSERM et des prestataires extérieures. C’est aussi une reconnaissance pour le projet, et cela a aussi un impact très pratique sur sa logistique.  

 

Du coup en tant que médecin vous vous destinez plus à la recherche ?

J.P. : Je ne me suis pas du tout destiné à être plus dans la recherche que dans la clinique. Je suis avant tout un clinicien et un chirurgien. Ce qui m’intéresse c’est plutôt d’essayer de comprendre les phénomènes. Pour moi, la recherche doit partir de problèmes posés par notre pratique clinique, y répondre et ensuite développer des solutions pour la pratique clinique.

 

Comment est réparti votre temps ?

J.P. : Je consacre la majorité de mon temps à ma pratique clinique et 15-20 % à la recherche, mais ce n’est pas monolithique.

 

Vous avez toujours voulu être chirurgien cardiaque ?

J.P. : Non ce n’était pas une spécialité que j’avais appréhendée pendant mes études et le concours de l’internat. Je me destinais à être orthopédiste. Je suis passé au cours de mon premier semestre, un peu par hasard, dans un service de chirurgie cardio-vasculaire, où j’ai découvert cette spécialité. J’ai eu la chance d’être accueilli par une équipe qui m’a poussé, m’a aidé à grandir, et m’a donné envie de poursuivre dans cette voie et d’en faire ma spécialité.

 

Avec le recul, cela vous paraît « fou » d’être lauréat de ce prix ?

J.P. : Je suis à titre personnel lauréat du prix, mais je veux associer cela à l’équipe. Oui effectivement quand je regarde le parcours accompli rien n’était prévu d’avance, c’est une suite de rencontres, d’objectifs à atteindre et d’opportunités.

 

Avec tout ce qui passe à l’hôpital en ce moment, vous voyez-vous travailler à l’hôpital toute votre carrière ?

J.P. : Mon objectif c’est de rester au CHU mais c’est une question complexe. Malgré les doutes qui existent à l’heure actuelle sur le fonctionnement de notre structure, sur les tensions qui peuvent exister sur les ressources humaines, les difficultés rencontrées par les soignants, il faut garder confiance dans notre système hospitalo-universitaire qui d’une part à une mission de service publique et qui, par ailleurs, a aussi la mission de former les jeunes médecins, les praticiens de demain. C’est un message d’espoir. Il faut rester confiant !  

 

Avez-vous d’autres passions que la chirurgie ?

J.P. : Je suis un passionné d’équitation, notamment de polo et un passionné de ski. Je participe à la saison de polo, qui se déroule de mai à septembre-octobre.

 

 

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