Hôpitaux de proximité : vers une grève des anesthésistes ?

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Le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateur Élargi (Snphare) s’oppose à la volonté de la Direction générale de l’organisation des soins (DGOS) d’autoriser la « petite chirurgie » dans les hôpitaux de proximité, car les conditions de sécurité ne seraient pas réunies. Et appelle à faire grève dans le cas où le gouvernement ne clarifierait pas rapidement le flou autour de la question.

Hôpitaux de proximité : vers une grève des anesthésistes ?

Après le Conseil national professionnel anesthésie-réanimation (CNP-AR), c’est au tour du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateur Élargi (Snphare) de taper du poing sur la table d’opération. En cause : la volonté de la Direction générale de l’organisation des soins (DGOS) d’autoriser la « petite chirurgie » dans les hôpitaux de proximité, comme What’s up Doc vous l’expliquait la semaine dernière.
 
Le CNP-AR s’est donc opposé vigoureusement à l’éventualité de gestes chirurgicaux nécessitant un acte anesthésique dans les futurs « hôpitaux de proximité » qui seraient par définition dépourvus de plateau technique, et ne présenteraient donc pas les conditions de sécurité suffisantes.

Pas de petite anesthésie

Les anesthésistes-réanimateurs ont demandé une clarification de cette terminologie, qui ne doit concerner que des actes chirurgicaux réalisés sous anesthésie locale. Or, « loin d’être écoutés, nous apprenons par voie de presse que la DGOS confirme la réalisation dérogatoire d’actes de chirurgie programmée dans ces établissements », fulmine le Snphare dans un communiqué daté du 8 juillet.
 
Comme le CNP-AR, le syndicat martèle qu’« il n’y a pas de « petite » anesthésie ». Mais aussi que « le risque anesthésique est autant lié à l’acte chirurgical qu’aux pathologies chroniques (et aiguës) du patient ; il existe au bloc opératoire comme en maternité. »

Hors de question de revenir en arrière

Par ailleurs, le Snphare rappelle que l’anesthésie, qui est réglementée par un décret de 1994,« a vu sa mortalité diminuer d’un facteur 10 grâce à des contraintes sécuritaires. » Selon le syndicat, il est donc « hors de question de revenir en arrière ». C’est la raison pour laquelle il n’acceptera pas que lui soit imposé « un mode de fonctionnement sans garantie sécuritaire ».
 
En effet,« une équipe complète d’anesthésie doit être présente sur site avec la possibilité d’appel à l’aide, en cas de complication anesthésique suraiguë qui met toujours le patient en danger vital, précise le Snphare. La notion de service d’anesthésie, de plateau technique, de réflexion sur la qualité des soins est indispensable pour la bonne prise en charge de nos concitoyens. »

Refus de travailler

Le syndicat rappelle enfin que la profession d’anesthésiste-réanimateur est sinistrée par la pénurie à l’hôpital public. « Dans une enquête récente, 55 % des anesthésistes-réanimateurs avouaient être contraints de prendre des risques en anesthésie.  N’en rajoutons pas ! L’attractivité d’un service pour un médecin passe avant tout par la garantie d’une sécurité maximale pour le patient. »
 
C’est pourquoi le Snphare demande à Agnès Buzyn de « clarifier rapidement le flou autour de la « petite chirurgie programmée » dans les hôpitaux de proximité ». Tout en brandissant la menace de la grève s’il n’était pas écouté par le gouvernement. Se disant prêt, le cas échéant, à appeler « l’ensemble des médecins anesthésistes-réanimateurs à refuser de travailler dans les hôpitaux de proximité », car « c’est la sécurité et la qualité des soins portée aux patients qui sont en jeu. »

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