Homéopathie : la réponse combat-fuite des labos

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À la suite de la « fuite » sur le préavis de la HAS concernant l’éventuel déremboursement des spécialités homéopathiques, les laboratoires concernés crient au scandale et attaquent sur la régularité de la procédure. Boiron a suspendu son cours en bourse, et semble chamboulé dans sa stratégie médiatique.

Homéopathie : la réponse combat-fuite des labos

Le 15 mai, la Haute autorité de santé (HAS) devait rendre un avis préliminaire concernant le remboursement des spécialités homéopathiques. Un avis censé rester secret, en attendant un aller-retour prévu par le règlement entre l’autorité et les laboratoires concernés (Boiron, Lehning, Weleda). Mais la teneur de l’avis – favorable au déremboursement – a fuité dans la presse.
 
Des fuites qui n’ont pas du tout plu aux labos. Ils ont rédigé un communiqué de presse commun dénonçant une « violation du secret de la procédure d’évaluation en cours remettant potentiellement en cause sa régularité ». Sont-ce des menaces ? Les entreprises semblent en effet menacer de s’engager sur des points de procédure.

La commission de la transparence agresse

« L’avis préliminaire de la Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS), chargée d’évaluer le bénéfice médical rendu par les médicaments homéopathiques, aurait été transmis à un média », critiquent-ils. Ce média serait Franceinfo, indique Le Monde. Un journaliste aurait appelé Boiron le 16 mai au matin, affirmant connaître les conclusions de la HAS, alors même que le labo n’avait « toujours par reçu cet avis préliminaire », indique-t-il dans le communiqué commun paru plus tard dans la journée. Scandale qui remet en cause toute la validité scientifique de l’avis de la HAS, of course.
 
Les labos ont chaud, alors que la commission de la transparence de la HAS, dans son avis, explique qu’« aucune étude n’a démontré la supériorité en termes d’efficacité (morbidité) de l’approche homéopathique par rapport à des traitements conventionnels [précision pour la forme, NDLR], ou au placebo [on rentre dans le concret, NDLR] ». Elle ajoute qu’« aucun impact en termes de qualité de vie n’a été démontré ». Aucune efficacité d’une part, et utilisation pour des symptômes bénins, pour lesquels « le recours aux médicaments (dont l’homéopathie) n’est pas nécessaire » d’autre part. Fin du game.  On comprend pourquoi les labos sont ennuyés.

Bad beat

Mais d’où vient cette fuite qui sonne comme une trahison ultime ? D’après Le Monde, il se pourrait bien que le ministère de la Santé en soit lui-même à l’origine (la HAS a déclaré n’avoir envoyé le rapport de la commission de la transparence qu’aux trois laboratoires concernés). « La révélation sur la teneur du projet d’avis permet, en effet, de prendre de vitesse les industriels dans leur contre-argumentation, notamment en direction de Matignon et Bercy », suggère le quotidien.
 
Boiron et les autres, qui semblaient garder cet atout dans la manche pour soulever les foules au dernier moment, auraient donc été coupés dans leur stratégie que tout le monde avait vu venir : celle des emplois. Leur agacement se comprend mieux, d’un coup.

Dans un communiqué du 17 mai, les laboratoires Boiron annoncent qu'ils ont bien reçu un avis défavorable, et qu'ils comptent le contester. Ils signalent justement qu'un "éventuel déremboursement menacerait un millier d'emplois" et qu'un "déremboursement éventuel aurait des conséquences négatives pour les patients, pour les finances publiques et pour l’économie française". Rien que ça

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