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Le groupe pharmaceutique, qui a toujours dénoncé une expertise à charge, avait déjà fait cette demande pendant l'instruction et en première instance, mais "on nous a opposé un refus catégorique", a reconnu auprès de l'AFP l'un de ses avocats, François De Castro.
Au vu de l'"impact déterminant" de l'expertise sur la procédure, ce refus met à mal le "droit à un procès équitable" et à "un débat contradictoire", a-t-il affirmé.
"C'est une vieille lubie des laboratoires Servier, qu'il y aurait un parti-pris de la justice", a balayé Charles Joseph-Oudin, avocat de nombreuses parties civiles.
Le groupe "cherche à tout prix à semer le trouble" au mépris de "la réalité du dossier", a estimé l'avocat, soulignant que Servier a pu "faire valoir ses arguments" en citant de nombreux témoins.
Le président de la cour Olivier Géron a indiqué que les débats sur cette demande auraient lieu ultérieurement, pour laisser le temps aux parties d'analyser les conclusions envoyées par Servier avant-hier soir.
Dans ce document de 43 pages, dont l'AFP a obtenu une copie, Servier estime que les auteurs de l'expertise judiciaire se sont prononcés "de manière ferme et tranchée" sur des domaines dans lesquels ils n'ont "aucune compétence".
En 2010, les juges d'instruction avaient désigné trois experts indépendants pour répondre à 18 questions sur le Mediator et ses effets
Il ajoute qu'il y a un "doute légitime quant à leur impartialité", l'un d'entre eux ayant notamment collaboré sur un autre sujet avec Catherine Hill, épidémiologiste à l'origine de la première estimation du nombre de victimes du Mediator.
Servier et son ancien numéro 2 sont jugés depuis le 9 janvier devant la cour d'appel de Paris.
Commercialisé depuis 1976 comme anti-diabétique mais largement détourné comme coupe-faim, le Mediator est accusé d'avoir provoqué de graves lésions cardiaques et de nombreux décès jusqu'à son interdiction fin 2009.
En 2010, les juges d'instruction avaient désigné trois experts indépendants pour répondre à 18 questions sur le Mediator et ses effets : le toxicologue Yvan Ricordel, le biologiste Michel Rieu et le statisticien britannique Paddy Farrington.
Leurs conclusions, rendues en 2013, sont sévères pour Servier : ils affirment que le Mediator a bien une action coupe-faim que le laboratoire a occultée et que le médicament serait responsable de 1 300 à 1 800 morts à long terme.
Avec AFP
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