Gestion des hôpitaux : les médecins sont-ils des cancres ?

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Dialogue avec deux cadres de la FHF sur les relations houleuses entre médecins et directeurs

Gestion des hôpitaux : les médecins sont-ils des cancres ?

« On constate chez les médecins une culture institutionnelle assez faible ». Cédric Arcos, directeur de cabinet de la Fédération Hospitalière de France (FHF), aime manier l’euphémisme. Ce que ce jeune directeur d’hôpital entend par « culture institutionnelle faible », c’est que les praticiens avec lesquels il a eu l’occasion de travailler sont bien souvent incapables de comprendre les enjeux de la gestion hospitalière. Et cela se traduit dans les comportements.

« Il arrive qu’un médecin de garde appelle l’administrateur parce que son lit n’est pas fait, parce que la nourriture n’est pas bonne, ou parce qu’il n’y a plus de papier toilette », explique le Dr. Maxime Cauterman, collègue de Cédric à la FHF où il est conseiller médical. L’incompréhension peut aller très loin. « On a parfois l’impression que les médecins pensent que l’objectif de la direction est de donner le moins de moyens possibles  », analyse Cédric. Maxime acquiesce : « C’est peut-être une question de culture, d’identité. Médecins et directeurs essaient parfois de prendre l’autre en faute ».

La faute aux études et à l’accueil

Si l’on en croit les deux cadres de la FHF, la faute en revient en grande partie aux études médicales. « La formation ne comporte pas assez de choses sur les aspects de gestion », explique le dircab’. « En même temps, quand on voit tout ce que les médecins doivent apprendre, il faudrait que leur formation dure 75 ans, et pas 15 », ajoute-t-il… Le médecin renchérit : « Quand on arrive dans un hôpital, on est intéressé par la pratique, par notre progression sur le plan médical et scientifique. Dans un premier temps, on n’est pas intéressé par l’institution dans son ensemble, et d’ailleurs on n’est pas en état de comprendre ».

Pour changer les choses, l’hôpital doit se faire plus accueillant pour les jeunes médecins. « La plupart du temps, l’accueil est anonyme, on passe au bureau des affaires médicales, on récupère sa blouse et hop, c’est parti », se souvient Maxime. « C’est un vrai enjeu », approuve Cédric. « Mieux accueillir les médecins, leur donner quelques clés, ça permettrait de fluidifier les relations avec l’administration. Quand on connait les gens de la direction, on se rend compte que ce sont aussi des professionnels de santé, qu’ils n’ont pas que le budget en ligne de mire ». Les deux cadres proposent donc d’organiser de manière plus régulière des moments de convivialité où médecins et administrateurs pourraient discuter sans s’opposer.

Mais au final, le fossé est-il si infranchissable entre ces deux catégories de personnel ? Pas si sûr. La preuve : les deux cadres de la FHF connaissent très bien « What’s Up Doc » ! « Moi, je croyais que l’interview, c’était pour mettre Cédric dans la rubrique "Camisole du mois" », plaisante Maxime. « Je serais plutôt candidat pour la rubrique "Sous ma blouse" », rétorque l’intéressé…

Source:

Adrien Renaud

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