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La bouleversante confession d'un exilé afghan à son ami danois et documentariste qui, par pudeur et souci de protection, choisit de la retranscrire par la forme animée. Un choix qui éclaire encore plus la luminosité des mots.
Devant le documentaire aussi pur et aussi beau qu'est Flee, il n'ya pas grand chose à dire, à commenter, à ajouter. Un profond recueillement devant l'intensité des émotions ressenties, et le cadeau que constitue, en ces temps si troublés, si rétrogrades, cette confession d'un quarantenaire revenu de si loin. L'exil d'Amin est bien évidemment géographique, et les renforts d'images d'archives sont là pour nous rappeler le drame que constitue, au niveau individuel, un parcours de migrant. Les nombreux obstacles, la succession de tragédies qui jonchent son chemin d'errance sont, en eux-mêmes, déchirants.
Mais ce qui émeut le plus, et qui rend son témoignage si singulier, est le véritable exil intérieur auquel s'est astreint cet homme ayant si bien réussi à s'intégrer aux différents modèles qui se sont présentés à lui et auxquels il s'est imposé de se conformer, jusqu'à l'inconciliable. Le film est ainsi parcouru d'un thème récurrent, jusqu'à l'obsession, concernant le besoin de retrouver un foyer, une maison, venant se heurter à l'impossibilité de se débarrasser de secrets fondateurs, ceux qui constituent un ersatz de sentiment de sécurité mais entretiennent son hypervigilance. Il est aussi constamment jalonné d'espoir, la seule part de son identité à laquelle Amin réussit à ne pas renoncer - son homosexualité - étant également celle qui va lui permettre de dépasser la simple survie.
C'est probablement parce qu'il constitue une première étape vers l'authenticité, par le concours d'une amitié que l'on sent profonde même si elle n'est qu'effleurée, que le témoignage d'Amin initie un processus de réparation. On ne peut évidemment qu'en être bouleversés, et surpris de toucher à ce point, au moyen d'une simple voix et d'images d'animation, la vérité d'un être.