Encore, malheureusement, une querelle de clocher entre médecins et pharmaciens

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[La chronique du pharmacien] La loi Santé de juillet 2019 autorise les pharmaciens à devenir prescripteurs de certaines molécules dans le cadre d’une délivrance protocolisée. Cette proposition ne laisse pas indifférents médecins et pharmaciens.

Encore, malheureusement, une querelle de clocher entre médecins et pharmaciens

Les querelles de clocher existent encore au 21e siècle entre médecins et pharmaciens ! 

J’ai pu faire ce constat récemment à la lecture d’un article du quotidien du médecin intitulé « Fosfomycine, amoxicilline, azithromycine… : feu vert au pharmacien prescripteur dans le cadre de la délivrance protocolisée »

En fait, ce qui m’a le plus choqué ce n’est pas le contenu de l’article en lui-même qui explique la mise en place de cette expérimentation. Mais, j’ai été consterné par la centaine de commentaires laissés à la suite de cette publication. Car oui, médecins et pharmaciens se sont donnés coup pour coup dans une cascade de commentaires sur la place, le rôle ou encore les compétences de chacun. 

Bien évidemment, je n’entrerai pas dans ce ring de joute verbale et prendrai plutôt un peu de recul par rapport à la problématique de fond : permettre à des patients d’avoir accès à un professionnel de santé pour avoir une réponse thérapeutique à un problème de santé bénin.

Et c’est peut-être sous cet angle que nous devons appréhender cette nouvelle organisation.  Car médecins et pharmaciens, nous faisons tous le constat suivant ! Les plannings des cabinets médicaux sont pleins, les urgences débordent et les déserts médicaux sont une réalité en France. En face, les Français peuvent se retrouver en difficulté quand le recours à un avis médical s’avère nécessaire.

Alors bien évidemment utiliser le terme de « prescripteur » »adossé au métier de pharmacien peut faire réagir les médecins. Je le comprends tout à fait. L’acte de prescription est et doit rester entre les mains du corps médical. Le pharmacien assure lui l’acte de dispensation qui est une étape primordiale dans la prise de médicaments. C’est comme cela que fonctionne notre organisation de santé. Le dernier contrôle pharmaceutique permet une ultime vérification avant de laisser le patient seul avec ses médicaments.

En pratique, il peut arriver aussi que le pharmacien soit amené à conseiller des médicaments (notamment ceux accessibles en automédication) dans sa pratique sans passer par la case médecin. Cela fait partie aussi de sa compétence professionnelle.

Alors, bien évidemment, cette organisation de délivrance protocolisée a été décidée par nos autorités de santé. Le but avoué est logiquement d’avoir un impact sur les finances des dépenses de santé. Cette activité a été votée pour être effective dans des indications bien précises et selon un protocole établi. Et pour l’instant il s’agit d’une expérimentation dans certaines officines. Le pharmacien peut être amené à dispenser certains médicaments sans avis médical préalable. Seules certaines pathologies bénignes (cystites, angines…) entrent dans ce protocole expérimental.

Donc au final, non je ne suis pas choqué outre mesure par le terme de « pharmacien prescripteur » »dans l’intérêt des patients. 

Bien évidemment, un encadrement strict de ce type d’activité doit être mis en place. Car des dérives sont possibles pouvant conduire par exemple pour les antibiotiques à une régression des acquis sur l’antibiorésistance. 

Il faut bien voir aussi que le métier de pharmacien connaît depuis quelques années une évolution dans ses pratiques. A l’hôpital comme en ville, de nouvelles missions viennent renforcer la place du pharmacien dans le système de soins. Véritable professionnel de santé spécialisé dans le médicament, ces nouvelles activités obligent aussi la profession à revoir ses fondements. L’image bien souvent véhiculée du métier est peut-être (et je l’espère) en train d’évoluer.

Donc, arrêtons s’il vous plaît ces chamailleries de cours de récré de la fac. La cloche a sonné et chacun doit reprendre le chemin de son cabinet médical ou de sa pharmacie. Laissons les patients s’approprier (ou pas) ces nouvelles organisations. 

Car c’est lui qui au final aura raison !

 

 

 

 

Source:

https://www.lequotidiendumedecin.fr/liberal/exercice/fosfomycine-amoxicilline-azithromycine-feu-vert-au-pharmacien-prescripteur-dans-le-cadre-de-la

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