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Le ministère de la Santé a annulé deux campagnes de prévention sur l'alcool élaborées par Santé Publique France d’après les informations exclusives de la cellule d’investigation de Radio France. Ces campagnes visaient à sensibiliser sur les dangers de la consommation excessive d'alcool, notamment en période de la Coupe du monde de rugby en France. La première campagne, intitulée alcool et rugby, mettait en scène un coach de supporters rappelant d'éviter les abus d'alcool avec comme slogan : « Ne laissez pas l’alcool vous mettre KO ». La seconde campagne, "quand on boit des coups, notre santé prend des coups", présentait des messages de prévention sur les risques cardiaques et d'AVC liés à la consommation d'alcool.
Ces annulations ont suscité des critiques et des soupçons quant à l'influence du lobby de la filière viticole. Les associations de santé dénoncent le fait que les campagnes annulées ciblaient la population générale, mettant en évidence les risques liés à la consommation régulière d'alcool. En revanche, une campagne de prévention destinée aux jeunes a été approuvée.
Un arbitrage qu’explique Myriam Savy, directrice de l’association Addictions France. « Les campagnes de prévention à destination des jeunes ou des femmes enceintes ne dérangent pas les alcooliers car elles sont ciblées », les deux campagnes censurées « visent la population générale qui consomme de manière régulière de l’alcool. On leur dit ‘l’alcool comporte un risque pour la santé. C’est un facteur de risque de cancer’. Et ça, la filière alcool n’aime pas. »
Myriam Savy dénonce : « les pressions effectuées par les alcooliers sur les pouvoirs publics et en particulier l’Élysée ».
C’est une forme d’autocensure du ministère de la Santé
Vin et Société, le principal lobby français du vin, a écrit une lettre incendiaire au président Emmanuel Macron, contestant la campagne précédente de Santé Publique France diffusée cet hiver qui soulignait le paradoxe de « trinquer à la santé » de quelqu’un, alors que justement « l’alcool ce n’est pas la santé ». Le lobby préfère insister sur les dangers de l'abus d'alcool plutôt que sur la simple consommation d'alcool.
La décision d'annuler les campagnes préventives a été attribuée à une forme d'autocensure au sein du ministère de la Santé, sous la pression des récriminations de la filière alcool relayées par le cabinet d'Emmanuel Macron. Le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, semble suivre la même ligne en refusant de rediffuser une campagne de 2019 mettant en avant les risques liés à la consommation d'alcool au-delà de deux verres par jour
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/internat-et-alcool-les-liaisons-dangereuses
Les acteurs de la prévention rappellent que le coût social de l'alcool représente 102 milliards d’euros et que la santé de la population devrait être prioritaire.