Dernière année d’internat en autonomie en MG : Bernard Jomier défend son amendement

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L’amendement des sénateurs visant à faire de la dernière année d’internat de médecine générale une année en autonomie complète ne passe pas chez les jeunes médecins et les internes. Le sénateur Bernard Jomier le défend.

Dernière année d’internat en autonomie en MG : Bernard Jomier défend son amendement

« Le Sénat marche sur la tête et préconise de brader la formation des médecins ». La réaction des syndicats d’étudiants en médecine et d’internes (1) à l’amendement sur la dernière année de médecine générale en autonomie complète adopté au Sénat annonce la couleur. Ils n’en veulent pas, tout comme les doyens de facultés de médecine.
 
« Les maquettes de formations ont été construites pour permettre une autonomisation progressive de l’étudiant avec l’aide et l’encadrement de leurs enseignants », soulignent les syndicats dans un communiqué publié le 4 juin. Tout est prévu pour que l’autonomie soit « totale à la fin de la dernière année d’internat », et pas avant. L’amendement reviendrait donc à « brader » la formation en la tronquant d’une année, expliquent-ils.

Une année supplémentaire ?

Ce n’est pas la vision de Bernard Jomier, médecin généraliste et député de Paris, que What’s up Doc a rencontré. Pour lui, ces deux semestres en autonomie devraient s’inscrire dans le cadre de la création d’une quatrième année d’internat de médecine générale, prévue lors de la réforme du 3e cycle, mais pas encore mise en place.

 
Le sénateur Jomier parle de « bonnes conditions matérielles » pour cette dernière année d’internat. Il s’agirait d’un statut de médecin adjoint, associé à une meilleure rémunération, de l’ordre de deux fois celle d’un interne.
 

Coercition masquée

S’il n’est pas question de tronquer la troisième année d’internat de MG et de favoriser financièrement une quatrième année en autonomie, quel est le sens de cette mesure ? Pour Bernard Jomier, il s’agit à la fois de professionnaliser les internes, et de rajouter du temps médical dans les zones sous-dotées. Pour l’Isnar-IMG, les sénateurs sont à côté de la plaque.
 
« Les sénateurs sont partis d’un constat erroné », rappelle Lucie Garcin, présidente du syndicat d’internes en médecine générale, qui dénonce une « mauvaise connaissance de notre formation » de la part des sénateurs qui ont mené les débats. Ils sont partis de l’idée que la quatrième année de MG était déjà actée dans les textes, ce qui n’est pas le cas, souligne-t-elle. Pour l’instant, le code de l’éducation exclut en effet les « spécialités dont la durée est de trois ans » de la phase de consolidation.
 
Mais au-delà du chipotage sur les textes, la présidente de l’Isnar-IMG conteste aussi l’intention de l’amendement, notamment sur l’autonomie complète d’exercice qu’il suggère. « Soit on est interne, soit on exerce », appuie-t-elle. « Au final, avec cet amendement, ils viennent de créer une année de coercition qu’ils font passer pour une année de formation ».

Les conditions d'une 4e année pas réunies

Le syndicat, de manière générale, est opposé à une quatrième année. En tout cas, dans les conditions actuelles. « Actuellement, les conditions de formation dans le cadre d’un internat à trois ans ont du mal à être réunies. Alors mettre en place une quatrième année… Qui va enseigner ? » Le manque d’enseignants et de maîtres de stages est cruel – un seul enseignant équivalent temps-plein pour 86 internes –, et créer une année supplémentaire relèverait de l’impossible. « Si cette année est une année de formation, nous voulons de l’encadrement et de la formation ». Et pas deux semestres de plus balancés en fin d’études.
 
L’Isnar-IMG propose, si les conditions de formation étaient réunies, une nouvelle maquette pensée sur quatre années, qui se terminerait par deux semestres de stages en autonomie supervisée.
 
Proposition de maquette en 4 ans (Isnar-IMG)
Ça, c’est la version médecins. Et elle se comprend totalement. Mais pour le député Jomier, la réponse à apporter est urgente, et le travail sur un temps long ne suffira pas à calmer les ardeurs des élus, qui subissent la pression de leurs administrés.
 

 
 
(1) Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf)
Intersyndicale nationale des internes (Isni)
Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG)

 

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