Crise de foi chez les wannabe PU-PH

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Les solutions de nos doyens

Crise de foi chez les wannabe PU-PH

Comment redonner aux jeunes médecins l’envie de se lancer dans une carrière hospitalo-universitaire ? C’est la question que s’est posée hier le gratin des CHU, réuni à Toulouse pour les 15e assises hospitalo-universitaires.

 

Devenir PU-PH n’est plus une perspective susceptible de soulever l’enthousiasme des jeunes médecins. C’est (entre autres) sur ce constat amer qu’ont planché hier les participants aux 15e assises hospitalo-universitaires, organisées à Toulouse hier et aujourd’hui. Mais qu’on se rassure : doyens, DG de CHU et présidents de CME ont des solutions pour inciter la jeunesse à entrer dans la carrière !

C’est Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens de faculté médecine en mode Lapalisse, qui a ouvert la litanie des lamentations sur la crise des vocations. « Le parcours pour devenir PU-PH est long et difficile », remarquait-il. Alors, quand on voit que le privé peut offrir des rémunérations plus attractives, davantage de mobilité et même, « en théorie », des opportunités de recherche, le patron des doyens dit comprendre pourquoi le titre de professeur de médecine ne fait plus autant rêver.

Chef de service, c’est zéro euro

Martin Hirsch, DG de l’AP-HP, ne voit pas non plus dans le statut de PU-PH un appât à jeunes médecins. « Être chef de service ou chef de pôle, c’est faire face à des exigences complexes et contradictoires », remarquait le patron du plus grand CHU d’Europe. « Est-il logique que ce soit payé zéro euro pour un chef de service, et 200 euros pour un chef de pôle ? » Pour lui, les trois missions historiques du PU-PH (clinique, enseignement et recherche) doivent être complétées par une quatrième : le management. Ce qui ne se fera pas sans une profonde réorganisation.

Le problème, c’est que ces trois missions sont déjà difficiles à mener de front. « Dans la réalité, on ne peut pas tout faire en même temps, on désynchronise ces trois missions », notait le Pr François-René Pruvot, président de la CME du CHU de Lille.

Alors, dans ces conditions, comment faire pour attirer les jeunes médecins ? Les participants aux assises ont leurs idées. D’abord, il faut créer de nouveaux statuts. Professeur assistant contractuel, PH enseignant… L’imagination de nos doyens n’est pas prise en défaut. L’idée : introduire « plus de souplesse et plus de modularité » dans le statut, selon les mots de François-René Pruvot.

37 % des internes veulent faire une carrière hospitalo-universitaire

Concrètement, on n’en saura pas beaucoup plus sur les intentions des dirigeants hospitaliers. Mais le fait qu’ils planchent sur le sujet a quelque chose de rassurant, car les futurs médecins sont nombreux à envisager de poursuivre dans la voie de l’enseignement et de la recherche.

Olivier Le Pennetier, président de l’Isni, l’a opportunément rappelé à Toulouse : d’après la dernière enquête effectuée par leur principale intersyndicale (voir encadré ci-dessous), les internes sont encore près de 17 % à envisager de poursuivre une carrière universitaire (alors que les HU représentent seulement 4 % du corps médical), et 68 % à vouloir faire un post-internat.

Jean-Luc Dubois-Randé a donc raison quand il dit que « la carrière hospitalo-universitaire peut encore faire rêver ». Le tout est de se donner le moyen de faire en sorte que le rêve continue.

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Et toi, tu veux faire quoi quand tu seras grand ?
Quelques résultats de l’enquête de l’Isni sur l’attractivité des carrières hospitalières

Dans quel secteur les internes veulent-ils exercer ?
-      Ambulatoire : 32 %
-      Hospitalier : 52 %
-      Autre : 16 %

Quel type d’exercice hospitalier les internes envisagent-ils ?
-      Privé : 13 %
-      Public : 87 %

Quel type de carrière ceux qui veulent exercer dans le public envisagent-ils ?
-      Universitaire : 37 %
-      Non-universitaire : 63 %

Les internes souhaitent-ils faire un post-internat ?
-      Oui : 68 %
-      Non : 32 %

Quel type de post-internat envisagent-ils ?
-      Chef de clinique : 54 %
-      Assistant spécialiste : 36 %
-      Assistant temps partagé : 10 %

Source:

Adrien Renaud

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