Covid-19 : Une étude pour ausculter l’état mental des soignants

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Volunteer Wanted. Depuis plusieurs mois, le CHRU de Tours s’est lancé dans une enquête d’ampleur afin d’évaluer le moral des soignants. Un travail de recherche pensé pour cartographier leurs troubles, mais aussi les aider à se sentir mieux.

Covid-19 : Une étude pour ausculter l’état mental des soignants

Prendre le pouls des soignants pour l’aider à s’apaiser. C’est l’objectif que s’est fixé le CHRU de Tours. En novembre, l’établissement français lançait une étude de cohorte financée par le Ministère de la Santé afin d’évaluer la détresse psychologiques des professionnels de santé aux prises avec la crise. Forte de près de 1000 participants, l’étude Hard Covid cherche encore à rassembler 2 000 volontaires. « Étudiant, aide-soignant, infirmier, médecin… C’est destiné à tous les personnels de santé hospitaliers ou en EHPAD, sur tout le territoire et peu importe leur état », nous livre le Pr Wissam El-Hage, psychiatre et coordonateur national de ce travail.

Insomnie, irritabilité, fatigue, anxiété… De nombreux professionnels de santé ont été durablement affectés par les conditions dans lesquelles ils ont exercé leur métier au cours de l’année écoulée. Un mal-être croissant que n’ont que pu constater les équipes du CHRU de Tours sans pour autant pouvoir le quantifier. « Nous avons pris conscience assez tôt de la pression qui pesait sur les épaules des soignants. Désormais, nous souhaitons savoir comment vont concrètement les troupes, indique le psychiatre. Réanimation, Unité Covid, Urgences, EHPAD… Nous ne sommes pas limités. Nous cherchons à cartographier tout le monde »

Une étude ambitieuse qui prend la forme de questionnaires auquel il faudra répondre tous les trois mois pendant un an. « Vous répondre à des questionnaires en ligne portant sur votre expérience de la Covid-19, à des évaluations en ligne de vos symptômes de stress post-traumatique, de dépression et de qualité de vie professionnelle », détaillent les chercheurs dans un communiqué de presse. Un processus volontairement imaginé dématérialisé afin de respecter l’anonymat des praticiens. « C’est parfois compliqué pour les personnels soignant d’aller toquer à la porte d’a côté. Comme ça, on respecte la confidentialité. », explique le Pr Wissam El-Hage.

 

 

Tout au long du protocole de recherche des conseils seront dispensés aux participants en fonction de leurs réponses. « Nous n’avons pas souhaité faire une enquête nationale sans apporter des éléments de réponse, des conseils ou une approche thérapeutique », confie le psychiatre. Une main tendue qui permettra même à certains d’entre eux de bénéficier de séances gratuites de thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing). « Pour ceux qui ont des symptômes que nous définissons comme pathologiques et problématiques, nous leur proposons plutôt de leur financer une thérapie de soins réels », atteste le coordonateur.  « On met en lien le participant avec un thérapeute à proximité de domicile où qu’il soit », poursuit celui qui rappelle qu’il y a 1 600 praticiens qui exercent l’EMDR en France.

Une initiative de recherche pensée pour aider. « L’idée est aussi d’utiliser l’agent de l’étude pour soutenir les soignants », détaille le professionnel. Mais également évaluer la pertinence de cette stratégie de soins face à une situation de crise. « L’EMDR est une thérapie qui permet de mieux intégrer les aspects émotionnels des expériences difficiles. Nous l’avons sélectionnée car elle est pratiquée de manière homogène sans demander trop d’effort aux participants, détaille le psychiatre. Si nous sommes de nouveau confrontés à une crise, nous avons besoin de savoir si cette stratégie est utile et si elle doit être mise en place ». Une manière de prévenir afin de mieux guérir.

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