Covid-19 : 35 chercheurs, universitaires et médecins refusent d’être gouvernés par la peur

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35 chercheurs, universitaires et médecins critiquent la communication du gouvernement sur la crise du Covid, qu’ils jugent trop anxiogène. Et demandent la refondation ou la suppression du Conseil scientifique.

Covid-19 : 35 chercheurs, universitaires et médecins refusent d’être gouvernés par la peur

« Nous appelons les autorités politiques et sanitaires françaises à cesser d'insuffler la peur à travers une communication anxiogène qui exagère systématiquement les dangers sans en expliquer les causes et les mécanismes. Il ne faut pas confondre la responsabilisation éclairée avec la culpabilisation moralisatrice, ni l'éducation citoyenne avec l'infantilisation. » Tels sont les mots d’une tribune 35 chercheurs, universitaires et médecins (1) publiée dans Le Parisien le 10 septembre. Ceux-ci critiquent la communication du gouvernement sur la crise du Covid, qu’ils jugent trop anxiogène.

Les auteurs de la tribune considèrent que le confinement général a eu des conséquences individuelles, économiques et sociales « parfois terribles qui sont loin de s'être encore toutes manifestées et d'avoir été toutes évaluées ». Et pensent donc que laisser planer la menace de son renouvellement « n'est pas responsable », notamment parce que « l'efficacité du confinement n'est pas démontrée scientifiquement », comme, selon eux, l'imposition du port du masque dans la rue.

Suppression du Conseil scientifique ?

Par ailleurs, ils appellent le gouvernement à « ne pas instrumentaliser la science » car celle-ci a pour condition sine qua non « la transparence, le pluralisme, le débat contradictoire, la connaissance précise des données et l'absence de conflits d'intérêts ». Et d’ajouter que « le Conseil scientifique du Covid-19 ne respectant pas l'ensemble de ces critères, il devrait être refondé ou supprimé ».
 

Son de cloche similaire du côté du médecin urgentiste Patrick Pelloux qui, ce vendredi 11 septembre, a appelé à « dissoudre » le Conseil scientifique qui « brouille la communication du ministère de la Santé. Ils ne servent plus à grand-chose, ils parasitent l’information », rapporte Ouest France.

Des remises en question auxquelles à répondu le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, ce vendredi 11 septembre sur Europe 1 : « Depuis le début, on a une multidisciplinarité […] et les liens d’intérêts sont annoncés […]. Il me semble qu’on a fait preuve, depuis le début, d’une certaine preuve de transparence. Cet aspect de démocratie sanitaire a été rempli. Mais s’il faut le changer, après tout, nul n’est indispensable », ajoutant qu’il avait lui-même souhaité disparaitre le 12 juillet dernier.

 
1 : Les premiers signataires de la tribune sont : 
Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l’Université de Paris ; Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS ; Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l’Université de Bordeaux ; Gilles Bœuf, professeur de biologie à Paris-Sorbonne Université ; Pierre-Henri Gouyon, professeur de biologie au Muséum national d’histoire naturelle ; Jean Roudier, professeur de rhumatologie à l’Université d’Aix-Marseille ; Louis Fouché, médecin, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital de la Conception ; Olivier de Soyres, médecin, réanimateur à la clinique des Cèdres ; Christophe Lançon, professeur de psychiatrie à l’Université d’Aix-Marseille ; Laurent Toubiana, épidémiologiste à l’Inserm ; Mylène Weill, biologiste, directrice de recherche au CNRS ; Anne Atlan, généticienne des populations et sociologue, directrice de recherche au CNRS ; Bernard Swynghedauw, biologiste, directeur de recherche émérite à l’Inserm ; Marc-André Selosse, professeur de microbiologie au Muséum national d’histoire naturelle ; Jean-Louis Thillier, médecin, immunopathologiste ; Jean-François Lesgards, biochimiste, chercheur au CNRS ; Alexandra Menant, biologiste, chercheuse au CNRS ; André Comte-Sponville, philosophe ; François Gastaud, chirurgien orthopédiste à Strasbourg ; Éric Desmons, professeur de droit public à l’Université Sorbonne Paris Nord ; Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’Université de Bourgogne Franche-Comté ; Charalambos Apostolidis, professeur de droit public à l'Université de Bourgogne-Franche-Comté ; Nicolas Sembel, professeur de sociologie à l’Université d’Aix-Marseille ; Dominique Crozat, professeur de géographie à l’Université de Montpellier ; Marnix Dressen-Vagne, professeur de sociologie à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines ; Thomas Hippler, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen-Normandie ; Nicolas Leblond, maître de conférences en droit à l’Université Polytechnique Hauts-de-France ; Dominique Labbé, politiste, enseignant émérite à l’Université de Grenoble-Alpes ; Arnaud Rey, chercheur en psychologie au CNRS ; Mathias Delori, politiste, chercheur au CNRS ; Jacques Tassin, écologue, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ; Sylvie Gourlet-Fleury, écologue, chercheuse au Cirad ; Emmanuelle Sultan, docteur en océanographie physique, ingénieure de recherche au Muséum national d’histoire naturelle ; Christophe Leroy, biologiste, docteur en biologie moléculaire et cellulaire ; Bernard Dugué, docteur en pharmacologie, docteur en philosophie.

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