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Un décret et un arrêté doivent concrétiser les nouvelles compétences données par la loi "Rist" de mai 2023 aux infirmières de pratique avancée qui s'occupent du suivi régulier de nombreux patients chroniques, dans le cadre d'équipes de soins. Le décret, attendu, doit supprimer le protocole d'organisation qu’elles doivent signer actuellement avec les médecins et les autoriser à prescrire, en première intention, une liste définie de médicaments, dispositifs ou prestations.
L'arrêté et son annexe dressent une liste fournie : activité physique adaptée, bons de transport sanitaire, soins infirmiers, arrêts de travail jusqu'à trois jours, antalgiques... Une liste complémentaire est établie en fonction de la spécialité de l'IPA (pathologies chroniques stabilisées, oncologie, santé mentale...). "Si en recevant un patient insuffisant cardiaque, j’ai une forte suspicion d'un état diabétique, je pourrai prescrire" certains traitements, explique Samira Ahayan, IPA et secrétaire générale de l'Ordre des infirmiers.
En oncologie, un IPA pourra "soulager" un patient suivi, qui présenterait de nouveaux effets indésirables de son traitement, renchérit Laurent Salsac, secrétaire adjoint du syndicat Unipa.
Lobbying des médecins pour amender la loi
"Mais tout bloque, car il y a un lobbying médical terrible" pour éviter ces évolutions, par crainte d'une forme de concurrence, déplore-t-il. Dans un courrier au ministère, l'Ordre des médecins réclame divers amendements, estimant que de telles prescriptions "exigent un diagnostic médical préalable", sans quoi les patients seraient en danger.
Après un report, l'examen de l'arrêté par le Haut conseil des professions paramédicales, la dernière étape avant publication, est prévu le 24 juillet. "Mais le gouvernement a démissionné (...) Est-ce-que ça fait partie des affaires courantes qu'ils peuvent encore gérer ?", s'interroge M. Salsac. Selon Matignon, seuls des décrets qui ne comprennent pas de "marge d'appréciation" peuvent encore être pris, les autres devant être regardés au cas par cas. "On espère très, très fortement que ces textes passeront vite", plaide Samira Ahayan. Face à la désertification médicale "c'est un enjeu de santé publique".
Avec AFP