
Enfant, la musique avait déjà une grande part dans sa vie. Avec sa sœur jumelle, elles chantaient, jouaient du piano à quatre mains. La petite Catherine avait appris la guitare aussi. Mais en autodidacte cette fois : c’est son père qui en jouait. À l’adolescence, la future médecin a dû arrêter les cours de piano par manque de temps. La médecine a remplacé la musique, pour un temps seulement.
« J’ai découvert ma voix à 30 ans »
Catherine Scarabin a terminé ses études de médecine à vingt-huit ans. « C’est lorsque j’ai eu mon premier poste, à l’hôpital, que j’ai enfin pu reprendre la musique. » Recommencer à jouer du piano a suscité une grande joie chez la gynécologue. Selon ses mots, c’est ce qui lui permet de s’exprimer, de se sentir utile à autre chose.
« Je préfère rester amateure. Si je deviens une chanteuse professionnelle, je ressentirais un stress de devoir gagner ma vie avec la musique. »
C’est à l’aube de ses trente ans que Catherine Scarabin a commencé le chant, mais pas lyrique pour le moment. « J’avais une professeure qui m’a poussée à faire des petits concerts avec elle. Au fur et à mesure, je me suis essayée au chant lyrique. Ça a été une vraie révélation. » Elle a pris la décision de reprendre des études au conservatoire, en parallèle de son métier de gynécologue. Un « rêve » qui se réalise pour celle qui a toujours été passionnée par la musique : « Il n’est jamais trop tard ».
Concilier son exercice à l’hôpital et sa passion pour le chant, mission impossible ?
Médecin est un métier très prenant, ce n’est pas un scoop. Pourtant, Catherine Scarabin a atteint un niveau semi-professionnel il y a quelques années. « Pour accorder plus de temps à la musique, j’ai arrêté de faire des gardes. » La cantatrice est passée de 60 heures de travail par semaine à 45 : « Je faisais des horaires plus normaux. J’avais mes soirées et mes week-ends. » Aujourd’hui, la gynécologue a ralenti le rythme. Elle a laissé la musique de côté mais pour une toute autre raison qu’une charge de travail trop importante : elle est devenue maman.
Dans le futur, elle aimerait reprendre les concerts, mais pas arrêter de soigner au profit du chant. « Je préfère rester amateure. Si je deviens une chanteuse professionnelle, je ressentirais un stress de devoir gagner ma vie avec la musique, et ce n’est pas facile. Ce ne serait plus une passion mais un métier. »
De l’opéra à l’hôpital ?
La gynécologue nous raconte qu’être cantatrice ne s’arrête pas aux portes de l’hôpital. « Je fais de la chirurgie gynécologique. Il m’arrive de chanter pour apaiser les patientes angoissées avant l’opération. » Catherine Scarabin parle d’une « bulle » qui se crée : « Cela permet d’apaiser tout le monde, les soignants comme la patiente ».
En consultation aussi, sa double-vie la rattrape parfois : des patientes sont présentes dans le public, l’écoutent chanter sans même la reconnaitre au premier abord. La gynécologue nous raconte une anecdote : « J’ai fait un concert avec presque 1 000 personnes. Un mois après, une patiente est venue me voir, elle m’a parlé d’un concert génial auquel elle a assisté avec une soprano qui portait une robe rigolote. Rapidement, j’ai compris que c’était de moi qu’elle parlait ».
« On peut être passionné par son travail de soignant, mais avoir une passion, c’est trouver un équilibre. »
Pour Catherine Scarabin, la musique, tout comme la médecine, est une vocation. Et les deux ne sont pas incompatibles, au contraire. « On peut être passionné par son travail de soignant, mais avoir une passion, c’est trouver un équilibre. » Pour elle, sortir la tête du quotidien avec un loisir est primordial.