Biologie médicale : les analystes passent à l’action

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Les biologistes médicaux ont quitté la table des négociations avec la Cnam sur les dépenses de biologie médicale. Ils iront plus loin et lanceront un mouvement social si les restrictions budgétaires imposées pour 2020 (180 millions d’euros) ne sont pas revues.

Biologie médicale : les analystes passent à l’action

Les syndicats représentant des biologistes médicaux libéraux (1) menacent d’entamer un bras de fer après le 11 septembre, si leurs revendications ne sont pas entendues. Ce qu’ils demandent : la fin du harcèlement financier. Dans son rapport annuel, la Cnamts prévoit en effet un plan d’économies de 180 millions d’euros en 2020, soit presque le double de celui imposé en 2019 (95 millions). Et visiblement, ça ne passe plus.
 
« On a cassé la gueule à la profession, et là, le gouvernement nous remet un coup de sabot », s’indigne Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM), contacté par What’s up Doc. « Nous allons être contraints de prendre des mesures fortes », annonce-t-il. Fin de l’implication dans le DMP, fermetures de laboratoires l’après-midi, blocage de l’évaluation de l’accréditation… Les libéraux, soutenus par les internes et les hospitaliers, sont dans les starting-blocks.

Une spé' délaissée

Petit rappel de l’état dans lequel se trouve la biologie médicale : alors qu’elle était l’une des spécialités reines dans les années 80 et 90 (dans laquelle les médecins gagnaient très bien leur vie en libéral), elle est aujourd’hui un peu tombée dans l’oubli. « Ces dernières années, nous avons assisté à une course aux profits avec une ouverture du capital aux financiers », rappelle Lionel Barrand, « les normes de qualité qui ont été imposées sont déconnectées du monde médical et favorisent l’industrie ». Dans les petits laboratoires de ville, les accréditations rendent l’exercice de proximité de plus en plus compliqué, et les biologistes médicaux ont parfois du mal à faire respecter leur vision du métier face aux contraintes budgétaires.
 
Les économies imposées ont étranglé la profession, qui a pourtant fait preuve de bonne volonté. Elle a accepté l’évolution de la restructuration et de l’accréditation, s’est imposé une augmentation des dépenses maîtrisée à 0,25 % pour les six dernières années (alors que l’Ondam est à 2,5 %), et s’est même mobilisée pour s’impliquer dans la prévention. « Nous sommes l’interlocuteur idéal pour la prévention des maladies rénales ou encore des IST », souligne le président du SJBM. Mais encore une fois, les attentes ont été déçues.

Le soufflet de la Cnamts

« Nous voulions nous engager pour aider les urgences. Alors que nous devions négocier un protocole sur cinq ans sur la e-santé, le DMP, la pertinence des soins, les urgences ou encore l’innovation biotechnologique – des sujets sur lesquels nous étions très ambitieux –, on apprend le plan d’économies de 180 millions, soit presque le double de l’année précédente », s’emporte Lionel Barrand. « Et cela, la veille de la première réunion ! Vous remarquerez que, sur le fond, c’est limite… »
 
Il est temps pour les biologistes médicaux de faire entendre leur voix, qui reste primordiale dans le système de santé. La biologie, c’est moins de 2,5 % des dépenses de santé, mais elle soutient environ 70 % des décisions médicales…
 
Pendant ce temps, la spécialité, qui était l’une des plus prisées en 2008 (dernier poste pris en 2895e place aux ECN), laissait en 2015 des postes vacants… « Nous n’avons jamais vu une spécialité passer ainsi des plus prisées à cela », regrette Lionel Barrand.
 
 
(1) Syndicat des biologistes, Syndicat des jeunes biologistes médicaux, Syndicat des laboratoires de biologie clinique, Syndicat national des médecins biologistes

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