
Neurologue, MCU à 32 ans, PU à 34 ans, une chefferie de service à 36 ans, le parcours de Yannick Béjot semble assez commun à Dijon. L’âge moyen des PU-PH, c’est plutôt 42-43 ans. Mais lui, à 44 ans, a déjà 8 ans d’administratif dans les pattes, bien rodé donc à l’anticipation. Côté recherche, le croisement des pathologies est son fer de lance : « On a à Dijon le plus vieux registre des AVC encore en activité, démarré en 1985. Avec une équipe en épidémiologie et des observations d’infarctus du myocarde, on s’est questionné sur le lien entre infarctus et AVC ». Yannick Béjot s’attache à ne pas opposer les sources de données : « Beaucoup de recherches sont désormais possibles grâce à l’accès au SNDS. Mais les registres fournissent des données précises, complémentaires au Big Data. Et localement, un entrepôt de données est en construction. »
Assez fier aussi d’avoir été nommé vice-président Recherche au directoire du CHU, il déroule ses tâches avec une grande énergie et beaucoup de positivité. Sa première année est aussi celle d’une évaluation de l’Hcéres* : l’occasion d’un état des lieux de la recherche avec la mise en place d’une stratégie à 9 mois. « Nous sommes moins de 100 PU-PH. Tout le monde se connaît ! » Leur objectif pour cette année est de positionner une vision de la recherche sur 10 ans : projets, priorités, objectifs, indicateurs. Ce travail les amènera aux Assises de la recherche à l’automne. « En France, les HU ont trop de casquettes et un temps recherche pas assez important », reconnaît le neurologue, content du nouveau club des VP Recherche comme lieu d’échange avec les collègues des autres CHU.
Une bourse à la mobilité pour partir (et revenir aussi)
Comme un premier pas pour accompagner les carrières hospitalo-universitaires, depuis 2 ans le CHU propose une bourse à la mobilité. Maxime N’Guyen, anesthésiste-réanimateur, est maître de conférences depuis la rentrée de septembre, affilié à l’unité INSERM 1231 « Lipides, Nutrition, Santé ». Il prépare sa mobilité pour la rentrée 2025, avec pour sujet : le rôle des lipides sur la régulation de l’inflammation. 34 ans, marié, un enfant. Il a du temps pour préparer son projet et tout se cale peu à peu, à commencer par le laboratoire d’accueil en Grande-Bretagne, avec une demande de visa de travail, nécessaire car « ce n’est plus l’Europe ». Pour démarrer, il a reçu cette bourse « jeunes chercheurs » (25 000 €) et recherche d’autres financements via des fondations ou des sociétés savantes. « La direction de la Recherche nous pousse des offres, mais on doit monter les dossiers. » Car même si le salaire universitaire est maintenu, il faut assurer le déménagement, la location, la subsistance.
Initialement, il n’avait pas en tête une carrière de chercheur, mais il a découvert la recherche clinique pendant l’internat et apprécié le travail de labo, complémentaire de l’activité clinique. Curieux, il a envie de comprendre et d’apprendre encore. « La charge de travail est très lourde. Alors oui, il faut être intéressé et même passionné. » Et c’est plus facile dans un environnement sympathique et stimulant !
En plus de la bourse au départ, le CHU a mis sur la table une enveloppe « retour », « pour leur donner les moyens de continuer à travailler sur leur projet de recherche » explique le doyen Marc Maynadié. Un premier candidat devrait en bénéficier en septembre.
*Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur est l’autorité publique indépendante chargée d’évaluer l’ensemble des structures de l’enseignement supérieur et de la recherche, ou de valider les procédures d’évaluations conduites par d’autres instances.
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