Arrêts maladie, ALD, transports sanitaires... les dépenses de santé dans le collimateur de Bercy

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Face au dérapage du déficit public annoncé, Bercy agite la menace de nouvelles économies, et de nombreuses coupes budgétaires concernent la santé.

Arrêts maladie, ALD, transports sanitaires... les dépenses de santé dans le collimateur de Bercy

© Midjourney x What's up Doc

Après le doublement, dès le 31 mars, du reste à charge des patients sur les médicaments, les transports sanitaires ou les consultations médicales, qui doit rapporter 800 millions d'euros de recettes annuelles, plusieurs postes de dépenses sont dans le viseur.

Les arrêts maladie dans le collimateur

Le freinage des dépenses liées aux arrêts maladie est une "priorité", a déclaré mardi Bruno Le Maire. "C'est le sujet sur lequel nous allons concentrer nos efforts" car "chacun voit bien qu'il y a des abus", a précisé le ministre de l'Economie et des Finances à des journalistes.

Depuis plus d'un an, le gouvernement répète qu'il juge nécessaire une réforme. L'Assurance maladie estime à 13,5 milliards d'euros (hors maternité) la dépense d'indemnités journalières hors Covid en 2022, soit une hausse moyenne de 3,8% par an depuis 2010, que ni la croissance démographique ni la hausse des salaires ne suffisent à expliquer.

Les médecins libéraux, qui négocient actuellement des hausses de rémunération avec l'Assurance maladie, pourraient s'engager, dans leur convention, à maîtriser leurs prescriptions d'arrêts de travail. Parmi les "engagements collectifs" réclamés par l'Assurance maladie, figure l'objectif de "ralentir" de 2 points de pourcentage la croissance annuelle, actuellement estimée à 6% selon Thomas Fatôme, le directeur général de l'Assurance maladie.

Via la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, l'exécutif a déjà limité à trois jours la durée des arrêts prescrits par téléconsultation (sauf exceptions, notamment lorsque la téléconsultation est faite par le médecin traitant).

Affections longue durée : dépenses très sensibles

La reconnaissance d'une affection longue durée (ALD) permet aux personnes souffrant de maladies graves, évoluant pendant plus de six mois et nécessitant un traitement coûteux, de bénéficier d'un remboursement à 100% de leurs soins médicaux par l'Assurance maladie. Plus de douze millions de personnes bénéficient aujourd'hui de ce statut.

Le régime des ALD est particulièrement scruté par le gouvernement car ces patients représentent une part importante des dépenses de l'Assurance maladie (65% aujourd'hui).

Mais évoquer des "dépenses inutiles" lorsque l'on parle de personnes gravement malades est délicat : l'exécutif n'a pas avancé de pistes très précises.

Selon le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux, le gouvernement pourrait décider de restreindre la liste des ALD (une trentaine aujourd'hui). "Il faut regarder cette liste qui date des années 80, est-ce qu'elle est toujours d'actualité?", questionnait-il à nouveau, dimanche sur France 3.

Transports sanitaires : des "dépenses élevées"

Le gouvernement cite souvent les transports de patients.

Selon l'Assurance maladie, les dépenses liées aux transports de patients sont "à un niveau élevé, comparativement à d'autres pays développés, et sont très dynamiques".

En 2022, elles ont augmenté de 7,2% à 5,5 milliards d'euros sous l'effet de revalorisations tarifaires et de la hausse du prix des carburants.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/reduire-les-depenses-de-sante-en-2024-tout-le-monde-voit-rouge

Le gouvernement a déjà introduit des mesures d'économies. Dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2024, le patient ne peut plus refuser un transport sanitaire partagé si celui-ci est possible médicalement, sous peine de devoir avancer les frais et de n'être remboursé que sur la base du transport partagé.

Avec AFP

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