Apprendre à soigner les personnes trans

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Lors de la seconde journée des rencontres nationales du syndicat ReAGJIR, la transidentité fut au cœur du sujet d'une table ronde. 

Apprendre à soigner les personnes trans

Dans un amphi trop grand, une quarantaine de personnes s’étalent entre l’odeur de café chaud et les dépliants publicitaires. Face à eux, Morgan Verdeil, interne en médecine et président de l’association Espace Santé Trans (EST) détaille la souffrance des personnes trans. Avant 14 ans, 33% ont déjà fait une tentative de suicide. “La personne que vous recevez au cabinet est peut-être passée par là ou risque de se mettre en danger”. De plus, “16% se sont déjà vu refuser une consultation médicale parce que trans”. Et ces discriminations plongent une partie des personnes trans dans une errance médicale “où le moindre rendez-vous avec un ou une médecin va devenir source d’angoisses”.

Pas de questions déplacées

Pour améliorer la prise en charge, Morgan Verdeil souligne la nécessité d’écoute. “Avant tout se sont des personnes, on dira donc homme trans ( FtM / Ft*) ou femme trans (MtF / Mt*)”. Et pour savoir à quel genre le ou la patient.e s’identifie, “il suffit juste de demander comment il ou elle se définit”. Avec le respect de l’identité de genre, Morgan Veil appellent les soignant.e.s à faire attention aux questions trop invasives. “Beaucoup de personnes trans ont un parcours de soins compliqué. Quand il ou elle arrive dans votre cabinet, cela fait peut-être six mois qu’il ou elle y réfléchit. N’ayez pas de curiosité déplacée du type ‘c’est très réussi’, en parlant d’une mastectomie par exemple”.
Autre point : l’accès à l’hormonothérapie. Morgan Verdeil explique que la prescription est relativement simple à mettre en place pour un.e généraliste. “C’est même plus simple que pour le suivi d’une personne diabétique”. Les premiers résultats sont visibles au bout de quelques semaines. Seulement, cette période entre le moment où la personne a fait le choix de la transition et son accès à une hormonothérapie, est à risque.

Mise en place d'une ALD

L’attente pour le ou la patient.e devient difficile et le taux de passages à l’acte peut augmenter. “Le ou la médecin n’a aucune légitimité à retarder cet accès à l’hormonothérapie.” De fait, Morgan Verdeil appelle les médecins à accompagner, soigner et aider les personnes trans sans juger ni imposer des actes. “Toutes les personnes trans n’ont pas le souhait d’être opérées, c’est un choix qu’il est nécessaire de respecter.”
Quant aux mineur.e.s, “c’est une population particulièrement à risque”. Aussi, il existe un traitement médical qui permet de bloquer la puberté. L’idée : mettre en pause le corps de l’adolescent.e pour “éviter une mauvaise expérience et lui laisser le temps vers 16 ans de choisir quelle puberté enclencher”, souligne un membre de l’association OUTrans. D’autant plus que cet arrêt, est réversible, et peut être effectué en début de puberté autour de 12 ans.
Enfin, entre l’hormonothérapie, les soins annexes et les actes chirurgicaux, ce parcours de soins peut devenir très onéreux. Il est donc possible de demander la mise en place d’une affection de longue durée (ALD) pour améliorer la prise en charge par la sécurité sociale.
 
Guide de OUTrans
https://outrans.org/wp-content/uploads/2017/09/OUTrans_Hormones_et_parcours_trans.pdf
 

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