« Ah, docteur, j’ai oublié, il me faut un certificat »

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Le guide des certificats médicaux à l’usage des médecins

« Ah, docteur, j’ai oublié, il me faut un certificat »

Le Dr Ariel Toledano, membre de la chambre disciplinaire à l’Ordre des médecins franciliens, vient de publier avec le Dr Philippe Garat un « guide des certificats et autres écrits médicaux* ». Son conseil : ne vous pressez pas, prenez le temps d’écrire.

 

What’s up Doc : Pourquoi écrire un guide sur les certificats médicaux ?

Dr. Ariel Toledano. Ce livre part d’un constat : les médecins ne se rendent pas toujours compte de l’importance des certificats. Je siège à la chambre disciplinaire de première instance de l’Ordre des médecins en Ile-de-France depuis 2001. A chacune de nos audiences, presque un quart des affaires concerne un certificat.

WUD. Quelles sont les erreurs les plus communes ?

AT. Trop de médecins donnent dans un certificat des informations qu’ils n’ont pas constatées eux-mêmes, et que leur a rapportées le patient. C’est très fréquent en cas de litige avec l’employeur, ou en cas de divorce. D’autre part,  il y a ce que j’appelle le syndrome de la poignée de porte. Le patient, avant de partir, vous dit : « Ah, j’ai oublié, il me faut un certificat pour le sport. » Si vous êtes sympa, vous le rédigez. Or un certificat n’est jamais anodin, et il ne doit pas être écrit à la hâte en fin de consultation.

WUD. Les médecins sont-ils suffisamment formés sur le sujet ?

AT. Non. Quand vous êtes médecin, votre préoccupation, c’est de soigner, pas d’écrire des certificats. Et pourtant, savoir rédiger est aussi important que de connaitre la prise en charge des pathologies. Beaucoup de médecins ne sont malheureusement même pas capables de faire la différence entre une attestation, qui ne doit pas comporter d’informations médicales, et un certificat, qui en comporte.

WUD. Quelles sont les conséquences que peut entraîner un mauvais certificat médical ?

AT. Dans la dernière partie du livre, nous donnons des exemples de certificats avec les sanctions qu’ils ont engendrées : elles vont jusqu’à un mois de suspension ferme. Et encore, nous n’avons montré que les conséquences disciplinaires, qui sont celles que nous connaissons bien. Mais il peut aussi avoir des répercussions au civil et au pénal.

WUD. Quels conseils donner aux médecins confrontés aux multiples demandes de certificat ?

AT. Ne pas remettre un certificat dans la minute. A l’heure de Twitter, on écrit trop souvent très vite et sans réfléchir. Mais quand il y a demande de certificat, il n’y a jamais urgence, sauf pour certains certificats obligatoires. On peut donc prendre le temps de la réflexion.

WUD. Dans quelle mesure les applis ou les logiciels pourraient-ils aider le médecin à ne pas faire d’erreur ?

AT. Pour les certificats obligatoires, il y a déjà des modèles ou des aides à la rédaction que l’on peut trouver en ligne. Mais ce ne sont pas ces certificats qui posent le plus de problèmes. Or, pour les certificats non-obligatoires, on ne peut avoir de modèle : chacun est différent.

 

*   Le guide des certificats et autres écrits médicaux, Dr Ariel Toledano et Dr Philippe Garat, Med-Line Editions, 2016

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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