Willem Jacobus Eijk, cardinal et médecin.
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Une vocation médicale précoce et assumée
Né en 1953 à Duivendrecht, près d’Amsterdam, Willem Eijk suit des études de médecine à l’Université d’Amsterdam dans les années 1970. Il est diplomé en 1978 à l’université d’Amsterdam. Il choisit la voie clinique, avec une orientation vers la médecine interne. Puis, il exerce brièvement comme médecin généraliste, à une époque où les débats bioéthiques commencent à émerger aux Pays-Bas, notamment autour de la fin de vie.
Dans ce contexte, Eijk s'intéresse très tôt à la bioéthique, un champ encore balbutiant mais en pleine effervescence. Cette sensibilité à la complexité morale de l’acte médical marquera toute sa trajectoire.
Le virage théologique : entre raison médicale et foi chrétienne
À la fin de son cursus médical, Eijk ressent un appel spirituel fort. Il entre au séminaire de Rolduc, en 1979, tout en poursuivant une recherche universitaire sur la bioéthique. Ce double parcours se poursuit à Rome, où il obtient :
- Une licence canonique en théologie à l’Université pontificale du Latran,
- Un doctorat en philosophie (thèse sur la manipulation génétique) à l’Université Saint-Thomas d’Aquin (Angelicum),
Ce cumul académique rare en fait rapidement une référence dans les cercles catholiques sur les questions de fin de vie, contraception, euthanasie et technologies médicales.
Bioéthique et magistère moral : une parole de médecin dans l’Église
Ordonné prêtre en 1985, il devient évêque de Groningen-Leeuwarden en 1999, puis archevêque d’Utrecht en 2007. En 2012, le pape Benoît XVI le crée cardinal. Membre de plusieurs dicastères romains, Eijk est l’un des rares à allier expertise médicale et autorité doctrinale.
Dans ses prises de position, il s’appuie sur son vécu de soignant : « Le médecin n’est pas seulement technicien, il est gardien de la dignité humaine. »
Il défend une ligne morale stricte, parfois controversée, notamment contre l’euthanasie légalisée aux Pays-Bas, qu’il juge incompatible avec le serment médical. Il milite pour une médecine qui ne cède pas aux « impératifs de performance ou d’élimination », mais qui demeure soin, accompagnement et respect de la vie.
Une figure discrète mais influente du prochain conclave
À 71 ans, Willem Eijk est éligible pour voter et potentiellement être élu pape, suite au décès du pape François. Son nom revient régulièrement dans les cercles vaticanistes, notamment chez ceux qui espèrent un recentrage doctrinal.
S’il n’est pas un « papabile » majeur, il reste une voix respectée. Alors bientôt un médecin pape ?
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