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Dans la nuit du 20 au 21 octobre 2021, le médecin aurait abattu son épouse âgée de 58 ans à leur domicile, situé dans un quartier résidentiel de Vandœuvres. Selon l’acte d’accusation signé du procureur général Olivier Jornot, le médecin aurait utilisé un revolver de gros calibre, un magnum 357, pour tirer à plusieurs reprises sur la victime. Il a été interpellé au matin du drame, sur place.
Le procureur entend requérir une peine supérieure à dix ans de prison et demande que le chef d’accusation d’assassinat soit retenu. L’affaire est d’autant plus grave que le contexte dans lequel elle s’est déroulée révèle une situation personnelle et psychologique plus que trouble.
Cocaïne, délire mystique et troubles psychiatriques
L’enquête a établi que sur une période de deux ans, le prévenu avait acquis et détenu environ quatre kilos de cocaïne, destinés à sa propre consommation ainsi qu’à celle de son épouse. L’expertise psychiatrique, remise à l’automne dernier, conclut que le médecin souffrait au moment des faits d’un trouble de la personnalité de sévérité modérée, d’une dépendance à la cocaïne et d’un trouble psychotique induit par la drogue, renforcé par une probable intoxication. Il aurait agi dans un « état altéré », selon ses propres déclarations, invoquant un « délire mystique » exacerbé par la prise de crack.
Malgré la gravité des faits, le prévenu bénéficie de la présomption d’innocence. Il a tenté, en février dernier, de sortir de détention provisoire en proposant une caution de 3,5 millions de francs suisses (3,6 millions d’euros). La Chambre pénale de recours (CPR) a rejeté cette demande, mettant en avant le risque de récidive et l’état mental instable de l’accusé.
Accusations de violences sexuelles et abus
À ces chefs d’accusation s’ajoutent plusieurs témoignages accablants. La femme de ménage du couple affirme avoir été victime de tentatives de contrainte sexuelle, d’exhibitionnisme et d’abus de faiblesse de la part du médecin. Elle aurait également été témoin de violences conjugales antérieures au drame. Le prévenu conteste ces faits et a même porté plainte pour dénonciation calomnieuse et faux témoignage.
Le Ministère public poursuit également le médecin pour infraction à la loi sur les armes et à la loi sur les explosifs.
Un procès à venir, une société secouée
Le procès de ce médecin genevois, reconnu dans sa profession, s’annonce comme l’un des plus médiatisés de ces dernières années dans le canton. Il ne s’agit pas seulement d’un féminicide présumé, mais d’un enchevêtrement de dérives personnelles, de dépendance à la drogue, de troubles mentaux, d’infractions sexuelles et de violences armées.
La date d’ouverture du procès n’a pas encore été fixée. Le Ministère public, en communiquant publiquement sur l’acte d’accusation, a tenu à rappeler que le prévenu reste présumé innocent jusqu’au jugement définitif.