Syrie : l’intensification de l’offensive met les déplacés dans un étau

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Deux ONG (MSF et l’UOSSM) tirent la sonnette d’alarme face à l’escalade de la violence en Syrie qui a déclenché une immense vague de déplacements de populations, au cœur d’un hiver particulièrement froid.

Syrie : l’intensification de l’offensive met les déplacés dans un étau

« Quand tout cela va-t-il s'arrêter ? Les hôpitaux censés sauver des vies sont pris pour cibles », déclarait sur Twitter le 17 février dernier l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) qui annonçait le bombardement de deux nouveaux hôpitaux le même jour en Syrie, dans la banlieue ouest d'Alep. L'ONG française et internationale alerte en effet depuis plusieurs mois sur l’escalade de la violence dans le pays où les attaques contre les infrastructures médicales et les civils se multiplient.

L’UOSSM, dont le but est de garantir aux populations touchées par la guerre en Syrie un accès permanent à des soins de santé de qualité et gracieux, n’est pas la seule à tirer la sonnette d'alarme. Médecins sans frontières (MSF) a également fait part de ses vives inquiétudes sur la situation en Syrie ces derniers semaines.

Dans le nord-ouest de la Syrie, les frappes aériennes associées à une offensive terrestre menées par les forces armées syriennes et leurs alliés russes ont déclenché « une immense vague de déplacements de populations dans le dernier bastion rebelle du pays, condamnant les civils à fuir vers un étau qui se resserre, entre la ligne de front à l’est et la frontière turque à l’ouest », se fait l’écho l’ONG.

Nouvelles zones visées

« Les gens sont dans une situation désespérée, a déclaré Julien Delozanne, chef de mission MSF pour la Syrie. Les attaques visent maintenant des zones qui étaient avant considérées comme sans danger et qui accueillaient des personnes déplacées dans des camps aux conditions déjà terribles. ».

Selon les Nations unies, plus de 875 000 personnes ont été déplacées dans le nord-ouest de la Syrie depuis le 1er décembre dernier. Les habitants du nord de la province d’Idlib et de l’ouest de la province d’Alep, dont beaucoup ont fui à plusieurs reprises, seraient « complètement perdus » en raison des chamboulements perpétuels, précise MSF.

Par ailleurs, les camps de personnes déplacées sont « surpeuplés », les conditions de vie « très dures », « au cœur d’un hiver particulièrement froid ». Une famille de quatre personnes est d’ailleurs morte, étouffée pour avoir utilisé du carburant de mauvaise qualité pour chauffer leur tente, poursuit MSF.

Hôpital fermé

À Al-Atareb, l’hôpital soutenu par l’ONG, qui avait récemment reçu des kits d’urgence, a dû fermer le 16 février à la suite d’attaques sur la ville, tandis que l’hôpital de Darat-Izaa a dû aussi fermer le 17 février de peur d’être bombardé. Résultat, « il n’y a plus un hôpital ouvert dans la province d’Alep ouest », précise l’ONG.

En réponse à cette situation, les équipes de MSF ont distribué des biens de première nécessité – couvertures, vêtements, combustibles - dans différents endroits de la province d’Idlib, pour répondre en urgence aux besoins vitaux de plus de 13 000 personnes récemment arrivées dans une vingtaine de camps et campements. Mais aussi distribué de  l’eau potable à des dizaines de milliers de personnes dans des camps.

Quant aux équipes médicales de MSF, elles ont traité « de nombreux patients pour des infections respiratoires, dues aux conditions de vie et aux températures hivernales ». Mais aussi pris en charge ces dernières semaines un nombre important de femmes enceintes et d’enfants.

« Les besoins restent immenses et malgré nos efforts, il est de plus en plus difficile pour MSF de fournir aux personnes déplacées l’aide dont elles ont besoin », explique Julien Delozanne. « La guerre dure depuis presque neuf ans, mais cette seule année vaut les neuf années passées si l’on pense à toutes les difficultés que l’on traverse aujourd’hui ».

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