Sport sur ordonnance : le changement climatique est votre meilleur ennemi

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L’alliance du thermomètre et du stétho fait long feu

Sport sur ordonnance : le changement climatique est votre meilleur ennemi

Un article publié au printemps dans la revue Nature Human Behavior prévoit un effet bénéfique du changement climatique sur l’activité physique des Américains. Un allié pour les médecins dans la lutte contre la sédentarité ? Pas vraiment.

Et si la hausse des températures, au lieu d’inciter la population à rester chez elle en augmentant la clim’, la conduisait à sortir faire davantage de sport ? C’est ce que semble démontrer un papier publié fin avril dans la revue Nature Human Behavior par Nick Obradovich et James Fowler, deux chercheurs en sciences politiques affiliés à Harvard et au MIT.

Pour parvenir à cette conclusion paradoxale, les deux auteurs ont utilisé des données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) d'Atlanta, qui a interrogé 1,9 million d'Américains entre 2002 et 2012 sur leur niveau d’activité physique au cours du mois écoulé. En croisant ces chiffres avec des relevés météorologiques, ils ont constaté que l’activité physique augmentait avec la température jusqu’à ce que celle-ci atteigne 28°, et décroissait au-delà.

Nick Obradovich et James Fowler ont ensuite appliqué ce résultat aux projections des modèles climatiques de la NASA (1) pour 2050 et 2099. Ceux-ci prévoient que sur le territoire américain, les températures augmenteront mais resteront en moyenne en-deçà du seuil des 28°.

Pas de quoi pavoiser

L’impact anticipé est cependant modeste : les chercheurs estiment que l’augmentation des températures se traduira par une croissance nette de l’activité physique des Américains de l’ordre de 0,3 % à l’horizon 2050, et de 0,6 % en 2099. Ils préviennent en outre que leurs résultats ne sont valables que pour les Etats-Unis et leur climat relativement tempéré. Il n’est pas dit qu’ils puissent être répliqués dans des zones plus chaudes.

Il se pourrait bien par ailleurs que les petits avantages d’une activité physique accrue soient contrebalancés par d’autres facteurs. « La plupart des conséquences sociales du changement climatique seront probablement négatives », préviennent en effet les auteurs qui citent notamment la croissance réduite, l’augmentation des conflits, le stress, la morbidité et la mortalité liées aux canicules…

Bref : toutes les nouvelles sont bonnes à prendre, surtout en matière de changement climatique. Mais il ne faudra pas compter uniquement sur le thermomètre pour recommander l’activité physique à vos patients.

(1) La National Aeronautics and Space Administration. 

Source:

Adrien Renaud

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