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Depuis 2013, la revue Prescrire réalise un bilan des médicaments à écarter. « Il recense de manière documentée des médicaments plus dangereux qu'utiles, avec pour objectif d'aider à choisir des soins de qualité, de ne pas nuire aux patients », déclare la revue. Ce « bilan 2025 » porte sur l’ensemble des médicaments analysés entre 2010 et 2024 qui ont une autorisation de mise sur le marché (AMM).
« Une méthode fiable, rigoureuse et indépendante »
Au total, 106 médicaments commercialisés en Europe sont cités, répartis en 13 catégories. En France, on en retrouve 88. Pour réaliser cette étude, Prescrire a analysé les nouvelles indications, les suivis d’évaluations, les effets indésirables et l’efficacité du médicament.
Concrètement, les médicaments présents dans cette liste correspondent à au moins une de ces conditions : « Une efficacité démontrée, mais qui, compte tenu de la situation clinique, exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent ; Une utilisation dépassée car d’autres médicaments plus récents ont une balance bénéfices-risques plus favorable ; Des médicaments récents dont balance bénéfices-risques s’avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens ; Une efficacité qui n’est pas prouvée au-delà de celle d’un placebo, et qui exposent à des effets indésirables particulièrement graves. »
Les anti-douleurs pointés du doigt, mais pas que
La catégorie intitulée « Douleur et Rhumatologie » est sur-représentée avec vingt médicaments cités. Entre autres : l’acéclofénac, le diclofénac, les coxibs, le kétoprofène, le méloxicam (et ses dérivés), la glucosamine, plusieurs myorelaxants, ou encore la capsaïcine.
Concernant les myorelaxants, la revue explique : « Ils n’ont pas d’efficacité démontrée au-delà de celle d’un placebo mais exposent les patients à des effets indésirables parfois graves. Un médicament efficace sur la douleur est une meilleure option, d’abord le paracétamol, en maîtrisant sa posologie, voire l’ibuprofène ou le naproxène. »
Les traitements cardiaques et neurologiques sont également bien présents dans les médicaments à écarter. Pour les cardiologues, l’aliskirène, le bézafibrate ou encore l’ivabrine sont à éviter. Pour les neurologues, ce sont les médicaments pour lutter contre la maladie d’Alzheimer qui sont décriés, ainsi que d’autres comme le piracétam, le natalizumab ou le fenfluramine.
Focus sur le phloroglucinol, « une évaluation indigente et des risques notables »
Sur les 17 pages du bilan, trois sont entièrement consacrées au phloroglucinol, aussi connu sous le nom de « Spasfon ». Juliette Ferry-Danini, chercheuse en philosophie et professeure en histoire de la médecine, a publié un livre intitulé « Pilules roses : De l'ignorance en médecine ». Dans son ouvrage, elle explique : « Le Spasfon est l’un des médicaments les plus prescrits et vendus en France, en majorité aux femmes. Une pilule rose familière lorsque l’on souffre de règles douloureuses. Et pourtant, aucun essai clinique ne soutient son efficacité pour cette indication. »
Prescrire se joint aux observations de la chercheuse et ajoute que dans beaucoup de cas, outre les règles douloureuses, l’efficacité du médicament n’est pas prouvée. Pourtant, en 2023, en France, l’assurance maladie a remboursé environ 26,5 millions de boîtes.