Souriez à vos patients, bon sang !

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Un bon médecin c’est aussi… quelqu’un de sympa. Dans un article du New York Times, deux psychologues sociaux de Stanford s’attachent à démontrer que les toubibs chaleureux soignent mieux que les glaçons en blouse blanche.
 

Souriez à vos patients, bon sang !

Dix-huitième patient de la journée. Il arrive en retard, ne s’excuse pas, exhibe une rhinite carabinée qui peine à vous émouvoir outre mesure. Eh bien jouez la comédie : car être un bon médecin, c’est avant tout être un médecin chaleureux. On s’en doutait un peu, mais deux experts en psychologie sociale de Stanford se sont attachés à le démontrer, dans un intéressant papier du New York Times.

Première expérience. Des patients reçoivent un test cutané à base d’histamine, qui provoque une réaction allergique. Avec la moitié d’entre eux, le médecin-expérimentateur consulte de façon professionnelle mais taciturne. Avec les autres, il se fend d’une précision : « à partir de maintenant, votre réaction allergique va progressivement diminuer, et les démangeaisons disparaître ». Aucun médicament ni traitement n’est dispensé.

Le résultat, vous l’avez deviné : les patients ayant eu l’aumône d’une réassurance pendant la consultation rapportaient, dans les minutes qui suivent, une notable diminution des démangeaisons par rapport au groupe « médecin taiseux ». Effet blouse blanche, for the win.

Sous la blouse blanche

Mais les patients ne sont-ils pas plutôt sensibles à l’assurance du praticien qu’à sa bienveillance ? Une autre étude, conduite en 2017, permet d’y voir plus clair. Son protocole était conçu pour distinguer deux dimensions potentielles de l’effet blouse blanche : la compétence perçue et la chaleur humaine. Et ce, en mesurant l’effet d’une crème placébo sur des démangeaisons cutanées.

Dans la condition « incompétent », le médecin recevait dans une salle en désordre, s’exprimait de façon hésitante, s’emmêlait les pinceaux pour prendre la tension et portait un badge où figurait, comble de l’horreur, son statut d’interne. Dans la condition « compétent », il se comportait au contraire avec la ferme assurance qui caractérise le lecteur assidu de What’s up Doc.

Autant dire que l’interne en panique n’obtenait pas des miracles... Mais là où les choses deviennent intéressantes, c’est que le médecin-expérimentateur pouvait également se comporter de façon chaleureuse ou réservée : appeler le patient par son nom, sourire et discuter de la pluie et du beau temps – ou bien rester les yeux rivés à son écran et répondre d’une voix distante.

Soyez sympa, embobinez

En croisant les deux conditions (compétent × chaleureux), on s’aperçoit que le médecin compétent et chaleureux obtient de meilleurs résultats que le médecin compétent mais froid, ou que le médecin incompétent mais chaleureux. Et cette fois-ci, les résultats n’étaient pas déclaratifs : c’est la taille de la zone enflammée qui était mesurée.

Conclusion logique : soyez compétent, c’est essentiel, mais soyez chaleureux, c’est nécessaire.

« Une bonne relation médecin-patient n’est pas qu’un effet bisounours, un bonus bien-être destiné à booster les commentaires sur Yelp », concluent les deux psychologues. « Il s’agit d’une composante à part entière du soin médical, qui a des répercussions importantes sur la santé physique des patients. » Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour eux !
 
 

Source:

Can a Nice Doctor Make Treatments more Effective?, New York Times, 22 janvier 2019.

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