Simu : ne plus fuir devant l’annonce du cancer

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Attention ceci est un exercice

Simu : ne plus fuir devant l’annonce du cancer

Annoncer un cancer a son patient n’est chose facile pour personne. S’y préparer est donc incontournable. Pour cela la simulation est un outil pédagogique intéressant, de plus en présent dans les CHU.

 

Comment trouver les mots et l’attitude adéquats lorsqu’il s’agit d’annoncer une nouvelle comme un cancer à son patient ? Un mot qui, encore aujourd’hui, fait peur. Pour s’y préparer, un grand nombre de CHU ont mis la simulation humaine au service de cette tâche difficile. 

« Nous nous sommes rendu compte que nos jeunes internes avaient beaucoup de mal à prononcer le mot cancer », constate le Pr Jean-Claude Granry, président de la Société francophone de simulation en santé (Sofrasims). Au sein du CHU d’Angers, où il dirige le pôle anesth-réa et médecine urgence, la simulation est devenue un passage obligé pour se former à l’annonce.

« Pour monter une séance de simulation d’annonce, nous procédons en quatre étapes », explique ce pionnier de la simulation en France. « Il y a d’abord un briefing avec les soignants, la mise en place d’un scénario, un débriefing spécialisé et un point sur les actions d’amélioration. » Au cœur du dispositif se trouvent des patients standardisés, incarnés par des acteurs professionnels. 

Savoir gérer les mécanismes de défense

L’une des étapes cruciales est celle du débriefing qui regroupe les apprenants, le médecin formateur, une infirmière et surtout une psychologue, qui aide à débloquer certaines réactions de défense. « Les professionnels ne sont pas à l’abri de telles réactions », explique le Pr Granry. « Certains se pressent, prétextant une urgence avec un autre patient, d’autres utilisent des termes techniques que le patient ne comprend pas, ou minimisent l’importance de la pathologie… »

Seules les mises en situations factices sont à même de désamorcer ces mauvais réflexes, poursuit Jean-Claude Granry. On apprend ainsi au soignant à être attentif à son comportement, à s’adapter à celui de son patient, et à choisir des mots justes pour que l’effet « coup de massue » soit le plus faible possible.

Et si l’humain garde une place prépondérante, c’est peut-être la simu numérique qui remplacera un jour le talent d’acteur de l’humain. La plateforme de consultations virtuelles Patient Genesys, développée à Angers, devrait à terme intégrer des scénarios d’annonce de maladies graves. « À terme, l’un de nos projets est de s’entrainer à annoncer un diagnostic à l’avatar sur écran », conclut Jean-Claude Granry.

Source:

Johana Hallmann

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