Service d’accès aux soins (SAS) : MG France a le cul entre deux chaises

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Si MG France plaide toujours pour la généralisation du 116-117, le syndicat demande des garanties maximales si jamais la solution du numéro de santé unique était choisie pour répondre à la crise des urgences.

Service d’accès aux soins (SAS) : MG France a le cul entre deux chaises

« On s’accrochera jusqu’au bout au 116-117 », a martelé le Dr Jacques Battistoni, le président de MG France, lors de sa conférence de presse du 15 janvier dernier (lire notre article sur les samedis noirs).
 
Les syndicats majoritaires des médecins libéraux (CSMF, MG France, SML) sont en effet sur la même longueur d’onde sur la question du Service d’accès aux soins (SAS), censé résoudre le problème d’engorgement des urgences et offrir une réponse aux patients où qu’ils se trouvent. Ils plaident tous pour la généralisation du 116-117, contrairement au rapport Carli-Mesnier sur les urgences et le service d’accès aux soins qui aurait fait le choix d’un "numéro santé" unique (113) pour répondre à la crise des urgences.
 
Quant à la Mission de modernisation de l’accessibilité et de la réception des communications d’urgence pour la sécurité, la santé et les secours (MARCUS), dont on attend les résultats incessamment sous peu, elle devrait également être un plaidoyer en faveur du numéro de santé unique (numéro secours (112) ou numéro santé (113)), estime MG France.

Fin des illusions ?

Certes, la ministre de la Santé n’a pas encore tranché sur le sujet. Mais, si l’on considère que les deux rapports vont dans le même sens, le syndicat ne se fait plus trop d’illusions. Ces deux rapports « préparent l’abandon du 116 117 », a en effet estimé le 15 janvier avec un brin d’amertume Jacques Battistoni.
 
MG France a donc décidé de communiquer différemment. Si jamais le 113 (ou le 112) venait à être mis en œuvre à la place 116-117, le syndicat demande donc « un maximum de garanties », ce qui passe tout d’abord par « l’identification claire des soins ambulatoires ».
 
« Pour la population, le SAS ne doit pas se résumer à un 15 revisité et rebaptisé, selon Jacques Battistoni. Il ne faut pas que l’accès aux soins soit uniquement le Samu ou le service d’accueil des urgences. » Par ailleurs, si jamais le 113 venait à être mis en place, « la gouvernance de la plateforme unique et du service d’accès unique à travers le numéro 113 devront être vraiment partagés équitablement, entre les services hospitaliers, le Samu et les libéraux », a-t-il poursuivi.

Répondre spécifiquement aux soins non programmés

MG a également insisté lors de sa conférence de presse pour que cette organisation territoriale « réponde à ce qui est spécifique en termes de soins non programmés, et non pas une plateforme unique qui ferait tout », a déclaré Jacques Battistoni.
 
Pour que tout cela fonctionne, il faudrait, dès lors que le 113 (ou un autre numéro) passerait un appel à l’organisation territoriale, des régulateurs pour décrocher au téléphone et s’occuper de la gestion de la plateforme internet. Mais aussi « une régulation médicale en 2e ligne pour débrouiller toutes les situations difficles, prioriser les choses et répondre éventuellement », selon Jacques Battistoni.
 
Ce qui signifierait qu’il faudrait un certain nombre de volontaires qui doivent s’inscrire dans le cadre d’une régulation libérale. Jusqu’à présent, celle-ci avait lieu le soir et le week-end.  Maisdésormais, l’objectif sera « d’avoir des régulateurs libéraux 7j/7, 24h/24, et notamment dans la journée, au moment où il y a le plus de demandes. Et cela a un coût, c’est ça qu’il faut financer dans le cadre du volet ambulatoire », estime Jacques Battistoni.

160 millions à 207 millions par an

Par ailleurs, cette régulation devra se faire de manière délocalisée selon MG France, pour que le médecin régulateur ne soit pas obligé d’aller sur le lieu physique de la régulation, pour qu’il puisse le faire de son domicile ou de son cabinet, comme cela se fait déjà dans certains départements.
 
Il faudra aussi permettre aux régulateurs d’être formés à la régulation (régulateurs libéraux en appui des opérateurs de soins non programmées), et donc prévoir un budget dédié pour former ces régulateurs, prévient MG France qui rappelle que la mission Mesnier a chiffré cette ligne budgetaire à 2,3 millions d’euros.
 
Au total, pour financer une organisation territoriale digne de ce nom (rémunérations des opérateurs, des régulateurs, coût de la formation, des locaux, du matériel…), il faudrait un budget (en année pleine) entre 160 millions et 207 millions d’euros (le rapport Mesnier-Carli). Ce qui n’est pas « exorbitant » selon MG France, si l’on compare aux 340 millions d’euros sur trois ans annoncés par la ministre pour le déploiement de son pacte de refondation de urgences…
 

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