Deux mois après le lancement de son pacte pour la refondation des urgences, Agnès Buzyn faisait vendredi dernier le point sur l’avancée des 12 mesures proposées. Mais les premières pistes présentées « confirment malheureusement les craintes initiales » des syndicats représentatifs de la profession (CSMF, FMF, MG France et SML) qui dénoncent « un plan urgences exclusivement centré sur l’hôpital », dans un communiqué commun daté du 12 novembre.
En cause, le Service d’accès aux soins (SAS) qui est censé résoudre le problème d’engorgement des urgences et offrir une réponse aux patients où qu’ils se trouvent. Pour les syndicats, le SAS pourrait être placé sous un numéro santé unique : le 113, ce qui signifierait que « ce numéro n’est en fait que le 15 sous un nouvel habillage. C’est donc une occasion ratée de s’appuyer sur la médecine de ville ».
Or, pour renforcer la collaboration entre ville et hôpital, comme l’ambitionne la ministre de la Santé, il faudrait « créer une filière spécifique aux soins de ville, distincte des urgences médicales, connue de la population et s’appuyant pour cela sur un numéro spécifique, le 116 117, déjà inscrit dans la loi », poursuit le communiqué.
Non à l'appel d'air
Selon les syndicats, créer un SAS sous l’égide de l’hôpital ne répond ni aux enjeux de l’organisation des urgences ni à ceux de la réponse aux demandes de soins non programmés. Parce qu’il va « créer un appel d’air qui va monopoliser tous les moyens financiers disponibles (ARM et régulation notamment) », et parce que « les urgences vitales vont être encore plus noyées au milieu des appels concernant les soins non programmés, qui en constituent une large majorité ».
Autres points négatifs de ce SAS hospitalier : les médecins libéraux « n’auront pas plus qu’aujourd’hui la place qui leur revient », tandis que la population continuera à « confondre soins non programmés et urgences médicales, maisons médicales de garde et services d’urgences ».
Pour les quatre syndicats, un véritable SAS devrait au contraire reposer sur quatre piliers inséparables :
- L’extension des horaires de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) en l’alignant sur les horaires des gardes hospitalières qui débutent à 18 heures et englobent le samedi matin et après-midi pour tous les médecins généralistes et spécialistes concernés.
- Un mode d’emploi de l’organisation des soins s’appuyant sur une filière spécifique aux soins de ville pour les soins non programmés, concrétisée par un numéro dédié.
- Une régulation des demandes de soins non programmés gérée par des organisations libérales, grâce à une régulation libérale éventuellement délocalisée.
- Une valorisation de la prise en charge de ces soins non programmés.
Et le communiqué intersyndical de conclure que, si la voie retenue pour le SAS était celle annoncée vendredi dernier, ils « n’auraient plus d’autre possibilité pour se faire entendre que de s’engager résolument dans une grève des gardes ».