
Pr Guillaume Captier, président du syndicat des hospitalo-universitaires © CHU Montpellier
What’s up Doc : C’est quoi le SHU ?
Guillaume Captier : Le premier syndicat 100% hospitalo-universitaire. Il représente l’ensemble des HU, que ce soit en médecine, pharmacie ou odontologie. On défend les intérêts des professeurs d’université, des maîtres de conférence titulaires et non-titulaires, auprès des deux ministères de tutelle, Santé et Enseignement supérieur. Et ce, dans une vision plus globale de défense de l’hôpital public, telle que défendue par l’INPH (intersyndicale nationale des praticiens d’exercice hospitalier et hospitalo-universitaire), dont on fait également partie.
Qu’est-ce que l’entrée en vigueur récente de la loi Valletoux, qui modifie le régime de retraites des HU, change concrètement ?
GC : Premièrement, nos salaires. Des prélèvements automatiques sont mis en place depuis septembre, et conduisent à une baisse de salaire de plus de 5% sur la part hospitalière de notre activité, pour l’ensemble de la carrière. Ces prélèvements automatiques seront convertis en points de retraite, mais on ne sait pas réellement quel impact cela aura, car la DGOS n’a jamais été en mesure de nous présenter une simulation individuelle.
Deuxièmement, la réforme ne règle pas le fond du problème qui est l’amélioration finale du taux de remplacement. L’amélioration qui nous a été proposée est bien inférieure à nos revendications initiales. On réclamait un taux de remplacement d'au moins 50% du salaire lorsqu’on part à la retraite, équivalent à ceux des cadres supérieurs ou des hauts fonctionnaires d'État. Celui qui nous est proposé est lui de 44%, donc on est encore loin du compte.
Troisièmement, on nous affilie à l'Ircantec pour la part hospitalière de notre activité. C'est une caisse complémentaire pour les gens qui sont non-titulaires de la fonction d'État, alors que nous sommes fonctionnaires d'État titulaires. Les retraites des fonctionnaires d’État sont calculées sur les six derniers mois de carrière, nous, c'est presque l'ensemble de notre carrière qui sera prise en compte. C’est une injustice flagrante de traitement des différents fonctionnaires de l'état.
Vous redoutez donc une baisse de l’attractivité de la profession auprès des plus jeunes ?
GC : C’est indéniable, puisque les jeunes HU vont avoir des grilles de salaire plus faibles que celles que l’on a eues, nous. Le problème, c’est que si nous n’avons pas une nouvelle génération en mesure de pousser la formation et la recherche, cela risque d’être compliqué dans le futur. D’autant plus le que le nombre de médecins formés est en augmentation importante, et il me semble que l’on ne mesure pas encore l’enjeu que cela représente en termes d’encadrement.
Vous aviez annoncé déposer, courant septembre, un recours au Conseil d’État, où en est-on ?
GC : Ce sont des procédures qui sont très longues, souvent supérieures à an. D’abord, des mémoires doivent être déposés. Ensuite, le recours va être assorti d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), pour essayer de démontrer que le prélèvement des fonctionnaires d'État titulaires sur une caisse de non-titulaires, n’est pas conforme au droit constitutionnel des fonctionnaires d'État à être pris en charge… justement par l’État.
Beaucoup d’arguments nous font croire qu’il y a de bonnes chances que la procédure débouche sur quelque chose qui puisse nous être favorable. L’avenir nous le dira. Pour le moment, l’enjeu c’est d’essayer de répondre aux collègues qui vont s’apercevoir de la baisse de leur salaire dans les prochains mois.
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