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C’est une affaire qui présente de curieuses similitudes, à commencer par sa proximité géographique, avec l’affaire du chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec, qui comparaît actuellement devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes.
Dans les deux cas, la situation judiciaire du médecin est connue du conseil départemental de l’Ordre des médecins. Dans les deux cas également, il ne juge pas nécessaire de mettre en place des mesures conservatoires, même si Joël Le Scouarnec avait bien été condamné, alors que le Dr Eric M. est, lui, toujours présumé innocent.
Des consultations « plus longues » pour les « jolies filles »
Ce praticien de 58 ans, qui exerçait comme ORL à l’hôpital de Vannes, a été mis en examen en août 2023 pour agressions sexuelles, après les plaintes de six femmes pour des faits présumément commis entre 2014 et 2023.
C’est au cours de consultations plus longues « pour les plus jolies filles » que « pour les autres », qu’auraient été commis, sous couvert de gestes médicaux, les agressions sexuelles.
Comme l’explique Ouest France, qui a révélé l’information, l’homme a été suspendu par l’hôpital le 23 juin 2023, avec interdiction d’exercer la spécialité. Mais le mis en cause officie toujours en tant que médecin du travail dans la commune de Fontenay-le-Comte, en Vendée.
« J’ai vérifié ce matin et le docteur Eric M. m’a bien donné un casier judiciaire vierge. J’ai aussi prévenu la direction régionale du travail avant le recrutement de ce médecin et je n’ai été informée de rien », explique à France 3 Christelle Dumoulin, directrice générale de l’organisme Prévention Santé travail Vendée Littoral, qui emploie le Dr M. depuis octobre 2024.
Elle reconnaît aussi ne pas avoir appelé l’Ordre départemental du Morbihan.
Le CDOM n'a « pas le pouvoir » de sanctionner
Mais ce dernier, bien qu’informé par le procureur de la mise en examen du médecin, ne lance aucune mesure disciplinaire. Dans un communiqué de presse du 6 mai, le CDOM se défend, rappelant qu’elle « n’a pas le pouvoir de sanction ni de suspension », qui revient au « directeur de l’ARS ».
L'Ordre indique aussi s’être « associé à la plaignante et (avoir) transmis à la chambre disciplinaire régionale de Bretagne conformément à la procédure ». Et de préciser que le médecin en question « n’est plus inscrit au conseil de l’Ordre du Morbihan, son dossier complet ayant été transféré via le conseil national comme le veut la procédure interne ».
Pour Me Olivier Couespel du Mesnil, l'avocat d’Eric M., il n’y a « aucun geste d’agressions » de la part de l’ancien ORL. « Il a réalisé une formation médicale longue et poussée dans plusieurs disciplines. Il a choisi ORL, mais il n'a pas oublié ce qu'il savait pour identifier une pathologie ailleurs », estime-t-il auprès de France 3.
Dans cette affaire, l’hôpital de Vannes s’est constitué partie civile. Quant à Christelle Dumoulin, l’employeuse actuelle d'Eric M., elle assure que « le retour de ce médecin va être très compliqué ». « Nous allons avoir des explications avec lui et saisir nos avocats », complète-t-elle.
Source:
Ouest France / France 3