Presqu'un jeune sur 2 pense que le VIH peut se transmettre par un baiser, les fake news sur le sida n’ont jamais été aussi répandues

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La circulation des idées reçues et fausses informations sur le VIH et le sida est en pleine expansion chez les Français de 15 à 24 ans, selon une enquête publiée par Sidaction, qui appelle à une intensification de la prévention. 

Presqu'un jeune sur 2 pense que le VIH peut se transmettre par un baiser, les fake news sur le sida n’ont jamais été aussi répandues

© Midjourney x What's up Doc

3 jeunes sur 4 se disent bien informés sur le VIH… mais ne le sont pas. C’est ce que révèle ce sondage réalisé par Opinion Way auprès de 1 561 jeunes âgés de 15 à 24 ans, et publié par l’association Sidaction, à l’occasion de l’évènement éponyme des 21, 22 et 23 mars. 

Et les résultats sont alarmants : 40% des jeunes pensent qu’il existe un vaccin contre le VIH, une augmentation de 3 pts par rapport au précédent sondage de 2023, et 39% pensent que l’on guérit du sida (+3 pts). 

Concernant la transmission, 78% pensent qu’une personne séropositive sous traitement antirétroviral peut toujours transmettre le virus lors d’un rapport sexuel non protégé. 

Plus encore, 42% pensent que le VIH peut se transmettre par un baiser, une augmentation édifiante de plus de 12 pts par rapport à 2023, 36% en s’asseyant sur un siège de WC publiques (+11 pts) et 31% en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+6 pts).

« Ces chiffres traduisent un recul inquiétant des connaissances sur le VIH et ses modes de transmission. Avec toutes ces fausses croyances, les jeunes sont exposés à une plus grande prise de risque au début de leur vie sexuelle », réagit Florence Thune, directrice de Sidaction, dans un communiqué.

Le préservatif encore trop souvent négligé

Car selon le sondage, le port du préservatif, tout comme le dépistage, est « loin d’être un automatisme » dans cette tranche d’âge, où moins d’un jeune sur trois a réalisé un test dans l’année. 

À ce titre, 40% des interrogés pensent que les IST sont en baisse dans leur tranche d’âge, alors même qu’elles sont en forte augmentation, et 38% d’entre eux estiment que seules les personnes ayant une sexualité intense sont concernées par les IST. 

7 jeunes sur 10 considèrent également « peu probable » ou « complètement improbable » de contracter un jour le VIH, « une perception erronée qui entraîne une banalisation du risque » et une négligence de l’utilisation du préservatif, continue Florence Thune. La confiance envers le nouveau partenaire sexuel « ne peut pas et ne doit pas être un gage de protection »

« Le préservatif reste le seul dispositif efficace et immédiat pour se protéger du VIH et des infections sexuellement transmissibles. (…) Il est donc primordial de rappeler sans relâche » son rôle et son importance auprès des jeunes, rappelle dans un communiqué Alexandra Guérin, responsable qualité et réglementation chez Terpan, une entreprise française spécialisée en santé sexuelle.

Depuis le 1er janvier 2023, les préservatifs sont distribués gratuitement dans les pharmacies françaises aux jeunes jusqu’à 26 ans. Un dispositif toutefois « encore trop méconnu » des intéressés, continue-t-elle.

Inquiétude après les coupes budgétaires américaines 

Face à ces constats, Sidaction appelle à « une intensification de la prévention et du dépistage auprès des jeunes », et ce, tout au long de la scolarité. 

Près de 40 millions de personnes dans le monde vivent encore avec le VIH, dont un quart sans traitement. 600 000 personnes meurent chaque année des suites du sida. 

Mais depuis l’élection de Donald Trump, les coupes budgétaires successives menacent la lutte contre la maladie dans les pays où le virus circule encore beaucoup.

Le président américain avait annoncé, dans les premiers jours de son investiture, supprimer 92% du financement de programmes de développement par l’agence américaine pour le développement (Usaid), dont une partie est consacrée à la lutte contre le sida.

Au Lesotho, pays sud-africain ayant l’un des taux de prévalence du VIH les plus élevés au monde (environ 1 adulte sur 4), le gel des financements a déjà impacté les services de lutte contre la maladie, alarmaient en février plusieurs organisations. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/pratiques-frequence-autonomie-en-10-ans-la-sexualite-des-francais-connu-des-evolutions

L’OMS estime que les décisions américaines pourraient annuler « vingt années de progrès » dans la lutte contre le sida, entraînant plus de 10 millions de cas supplémentaires et quelque 3 millions de décès. 

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