
Jaafar Bennouna est un spécialiste en oncologie médicale. Chef du service d'oncologie à l'hôpital Foch de Suresnes, il a consacre sa carrière à la prise en charge des patients avec un cancer du poumon ou un cancer digestif en intégrant la recherche dans le parcours de soin.
Plus récemment, l’oncologue a participé à la genèse de Panacée, « une plateforme numérique qui va aider le médecin dans sa prise de décision thérapeutique pour proposer le bon médicament au bon patient, et au bon moment ».
L’objectif premier : améliorer la prise en charge des patients du cancer du poumon
« Aujourd’hui la prise en charge du cancer du poumon est complexe, mais elle l’est dans l’intérêt du patient », déclare Jaafar Bennouna. Elle repose sur une « approche holistique, ne se limitant pas à la maladie. » Cette approche prend en compte « l’état physique [du patient] et ses dimensions sociales, économiques, voire philosophiques. »
Soigner un patient de cette manière, requiert l’intervention de nombreux professionnels de santé : des oncologues, infirmières en pratique avancée, des psychologues, etc.
« Les progrès de la recherche permettent l’identification de nombreuses altérations moléculaires. » Jaafar Bennouna insiste sur le fait que le cancer du poumon n’est pas une maladie unique, mais une maladie aux profils variés. Ce qui rend la décision thérapeutique « particulièrement complexe pour l’oncologue. »
C’est pourquoi il est « essentiel de développer des outils évolutifs et adaptatifs capables de l'aider dans ses choix thérapeutiques afin d'optimiser la prise en charge ».
Un outil pensé pour le médecin…
Chaque patient va réaliser un test moléculaire. Ce sont les résultats de ce test que le médecin pourra intégrer dans la plateforme Panacée. « Grâce à l’intelligence artificielle, nous allons permettre aux médecins de découvrir les traitements adaptés au patient. »
Mais l’outil ne s’arrête pas là. « Tous les médicaments ne sont pas disponibles. » Panacée précisera au spécialiste la disponibilité du médicament selon les modalités de l'ANSM. S’il n’est pas encore autorisé sur le marché, le médecin saura si le traitement peut être accessible en accès précoce ou en essai thérapeutique.
… Mais aussi pour le patient
« Panacée a aussi été créé en collaboration avec des associations de patients », raconte Jaafar Bennouna. Pour rendre accessible la plateforme aux malades, il a fallu « travailler sur la vulgarisation de la connaissance complexe des médecins. »
Le développement de la plateforme en elle-même a contribué à la rendre accessible pour tous. L’oncologue nous explique que la création de Panacée a été multiprofessionelle : « Chacun a apporté son expertise et sa naïveté. Dans mon cas, mes connaissances en développement d'outils informatiques étaient très limitées. Le développeur, lui, n'est pas expert en oncologie. Ces divergences ont permis une première vulgarisation. »
« Les progrès ne viendront pas que des médecins, ils se construiront aussi avec les patients, leur famille et les aidants. »
En résumé, Panacée est là pour « réduire l’inégale prise en charge des patients atteints du cancer du poumon. » Rendre l’outil accessible pour toutes les parties contribue à améliorer la prise en charge. « Un patient qui a consulté les traitements possibles et ciblés pour lui sur Panacée peut en discuter avec son médecin. »
Il explique que, lorsqu’un patient arrive en consultation et raconte avoir identifié un traitement, ce peut être « agaçant » pour le soignant. Pour Jaafar Bennouna, au contraire, « c’est une bonne chose car c’est un échange constructif. Les progrès ne viendront pas que des médecins, ils se construiront aussi avec les patients, leur famille et les aidants. »
Il conclut en portant une mention spéciale à l’entourage du malade : « les aidants doivent être reconnus ! À l’annonce de la maladie, le patient peut être en état de choc ou fatigué. Ces personnes prennent souvent le relais en s’informant et, désormais, en s’appuyant sur des outils comme Panacée pour accompagner leur proche. »