Pour Elio, y a pas photo

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À 27 ans, Elio, jeune interne en chir’ ortho du côté de Lille, a développé une appli qui permet de s’échanger des clichés médicaux de manière sécurisée.
 

Pour Elio, y a pas photo

Elio Disegni est en passe de transformer plusieurs essais avec succès, à tout point de vue. Le 31 juillet, il s’est marié, à l’âge de 27 ans, après avoir passé sa thèse avec succès en 2020, à trois ans et demi de la fin de son internat. Cet interne en médecine, qui a toujours voulu devenir chirurgien orthopédique, va pouvoir assouvir, qui plus est, sa deuxième passion, l’informatique : « Je ne suis pas geek ! Je ne sais pas coder mais j’aime la technologie, j’ai toutes les applications médicales qui peuvent exister et je suis celui que l’on appelle lorsqu’il faut réparer un ordinateur », s’empresse-t-il de préciser. Il a en effet créé une appli, en 2019, qui a commencé à intéresser très sérieusement le petit monde hospitalier : e-cono*, qui permet de prendre des photos « médicales » de manière sécurisée. Le DSI (directeur des Services informatiques) du centre hospitalier de Valenciennes (où il passe son internat) veut adapter et développer l’application pour ses personnels médicaux tandis que l’AP-HP, via le medical digital hub, est en train de la tester.
 

Pas plus de 5 clics

Mais d’où lui est venue cette appli que d’aucuns s’arrachent ? « Au début de mon internat, j’ai été confronté au problème des photos prises à l’hôpital par les soignants et les médecins. Elles sont très rarement stockées sur les serveurs de l’hôpital pour plusieurs raisons : tous ne sont pas équipés d’un logiciel qui le permette. Par ailleurs tous les logiciels ne permettent pas d’intégrer les photos et les logiciels qui offrent cette option sont galère pour les médecins. Il ne faut pas oublier qu’un médecin n’est surtout pas un informaticien, c’est même souvent un mec nul en informatique. Quand il faut qu’il fasse plus de 5 clics pour une action, il abandonne. Qui plus est, les photos aujourd’hui sont conservées dans les téléphones portables des médecins et sont échangées via des biais non sécurisés. »
Résultat : des centaines de médecins s’échangent chaque jour des centaines de clichés médicaux, via, par exemple WhatsApp, sans respecter la législation en vigueur, qui exige que les échanges numériques de données médicales soient sécurisés…
Bon samaritain, Elio veut alors créer une appli qui permette d’échanger en toute sécurité des images médicales. « Il se trouve que ma fiancée, avec qui j’en discutais, est ingénieur en biomédical et travaille dans la recherche clinique. Je lui ai exposé mon problème concernant une application de sécurisation des échanges de photos et elle m’a dit que c’était un super projet. J’ai alors contacté un développeur mobile (qui est par ailleurs mon cousin) et qui m’a dit que c’était très simple à mettre en place. »
Si Elio a eu l’idée d’e-cono en février 2019, il lui a fallu attendre septembre de la même année pour utiliser pour la première fois cette application. En quoi consiste-t-elle ? « Quand on ouvre l’application, on atterrit sur l’appareil photo. On prend une photo et le logiciel te propose soit d’ajouter la nouvelle photo dans la bibliothèque, soit de prendre une nouvelle photo.  Si l’utilisateur est satisfait de la photo prise, elle est validée et renvoyée directement sur un serveur certifié hébergeur des données de santé. Ça ne stocke pas les photos sur le téléphone mais le logiciel envoie un code en 6 caractères que l’on peut renseigner dans le dossier médical. Pour avoir accès à la photo, il suffit de se connecter au site internet ou encore à l’application pour voir apparaître la photo. »
Simple comme bonjour, en somme. Depuis, des incubateurs (Euransanté, par exemple) ont contacté Elio pour développer l’appli. Ce qui encourage le futur chir’ ortho à créer une société pour passer à l’étape suivante : la commercialisation de e-cono. Si la crise de la Covid-19 a donné un coup de frein à son expansion, l’application est néanmoins utilisée pour le moment par près d’une centaine de médecins. Elle a tapé dans l’œil de la société savante en orthopédie Sofcot qui l’a présélectionnée pour le Prix de l’innovation dont la remise est prévue en novembre, lors de son congrès. D’ici là, Elio aura tout le temps de développer son biz. En troisième année d’internat, il lui reste encore au moins 3 ans d’études avant de s’installer. Le temps d’y réfléchir, sereinement.
 
* www.e-cono.fr
 
 

Bio express
 
1992 : naissance
2010 : première année de médecine
2017 : entrée en internat
2019 : création d’e-cono
2020 : Obtention de la thèse en médecine

 
 

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