Polémique de la fresque

Article Article

ou les traditions de la salle de garde

Polémique de la fresque

Lundi dernier, le CNOM a publié un communiqué condamnant "fermement et sans réserve la réalisation et la diffusion d’une fresque représentant une agression sexuelle découverte dans la salle de gardes des étudiants internes du CHU de Clermont-Ferrand."

Face à la polémique qui enfle à propos de la tradition carabine, et notamment du détournement de la maintenant fameuse fresque, What's up doc a interrogé le Dr Philippe Cathala, qui a abordé le sujet dans sa thèse sur l'histoire de l'Internat.

Le Dr Cathala a écrit une lettre ouverte dans laquelle il fait part "de [sa] consternation à la lecture de ce communiqué du Conseil National de L’Ordre des Médecins." Une prise de position qu'il nous confirme de vive voix :"Je suis scandalisé par la prise de position du CNOM. La fresque n'avait rien de choquant ou agressif. Je soutiens la tradition carabine."

A propos du détournement de la fresque, il concède que "ce n'était pas forcément du meilleur goût", mais il fustige la tournure des évènements que la diffusion de l'image a entraîné. "Que le gouvernement prenne ça comme une attaque personnelle, c'est affligeant, ça ne peut être que de la récupération politique."
Nous sommes en pleine discussion sur la loi de santé, et les tensions entre la profession et le gouvernement sont déjà bien présentes. "Cela ressemble à une stratégie de diversion de la part du ministère. Mais à vouloir jouer avec le feu, on se brûle. Cela cristallise les mécontentements des internes."

La photo de la fresque a depuis été très relayée par les médias et les réseaux sociaux, mais le Dr Cathala est d'avis que "les gens savent qu'il y a des traditions, des chansons paillardes dans les salles de garde."

A propos de l'accusation sur la représentation d'un viol, le Dr Cathala s'indigne : "C'est scandaleux, dire que c'est un viol, c'est du mensonge. C'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur, et ici, c'est d'une mauvaise foi évidente." Il précisait dans sa lettre ouverte : "en comparant ces partouzes picturales à des scènes de viols, il est fait offense aux femmes réellement victimes de violences, celles là même que je reçois tous les jours à ma consultation à l’UMJ."

Pourtant, au-delà de la polémique engendrée par une fresque, une tribune publiée mardi dans Libération et signée par 9 médecins, dénonce dans les codes adoptés "un machisme rétrograde exprimé non seulement par l’art pictural des salles de garde mais aussi par des propos souvent sexistes."
Une position isolée selon le Dr Cathala : "ce sont neuf médecins isolés, ils ne représentent pas le sentiment exprimé dans les nombreux messages de soutien que j'ai reçu."
Il justifie sa position : "Ces traditions, que j'ai étudiées, permettent de fédérer le ciment de la confraternité dans les salles de garde. Les gens se soudent, c'est un esprit communautaire. La salle de garde a un intérêt de santé publique."

Les uns invoquent la liberté d'expression, les autres parlent de traditions machistes. Alors, conserver des traditions du siècle dernier ou les faire évoluer ? Le débat est ouvert.

Source:

Cécile Lienhard

Les gros dossiers

+ De gros dossiers