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« Nous ne désertons pas, nous ne demandons rien pour nous. Les soins et la formation des plus jeunes seront assurés du mieux que nous pourrons, avec des moyens toujours plus restreints, comme nous l’avons toujours fait. Dans des conditions de travail et d’exercice toujours plus difficiles. »
Tels sont les mots prononcés ce matin par le Pr Hervé Dombret, qui fait partie des 18 médecins de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) qui ont remis à la direction de l’établissement leur démission de leurs fonctions administratives. À l’appel du collectif Inter-Hôpitaux (CIH), ils font partie des 1 266 médecins (à ce jour) qui se sont engagés à démissionner, en l’absence d’un véritable plan d’urgence pour l’hôpital public.
« Faute d’être entendus, nous ne participerons plus au pilotage financier de notre établissement qui n’amène que restrictions et privations. Nous ne pouvons plus être complices de cela », a poursuivi Hervé Dombret qui était encore il y a peu chef du service d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis...
Extrêmement douloureux
Selon l’hématologue, si tous les médecins n’ont pas pris la décision de démissionner de leurs fonctions administratives, c’est parce qu’il est « extrêmement douloureux de franchir ce pas », parce que « nos services sont nos secondes maisons, notre raison de vivre ». Mais aussi par « crainte des représailles ».
C’est donc « le cœur lourd et plein de colère quant à l’incurie de nos gouvernants » que les 18 médecins ont démissionné. Des médecins parfaitement conscients que leurs moyens d’action sont « limités car nous ne voulons pas nuire à nos patients. Et qui, malgré les démissions, continueront à remplir leur mission de service public », a conclu Hervé Dombret.
194 démissions depuis le 27 janvier
Les démissions de Saint-Louis s’ajoutent aux 194 démissions transmises aux directeurs d’hôpital depuis le 27 janvier : 54 au CHU de Rennes le 27 janvier, 27 à l'hôpital Robert Debré le 28 janvier, 8 à Douai (Nord), 6 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), 28 à Lyon, 5 à Saint-Denis, 58 au GHU Paris Saclay, 1 à Saint Malo, 9 à Orléans, 3 à Dax, 2 à Beaujon…
En dehors de Saint-Louis, 5 médecins à Brest et 36 à Caen devaient aussi remettre aujourd’hui leur démission. Un décompte infernal auquel il faudra également ajouter dans les jours qui viennent Nantes (7 démissions), Marseille (63 démissions), Avignon (9 démissions), Annecy (13 démissions), le CH sud francilien (Essonne / 31 démissions)… Mais aussi Montauban, Pau, La Réunion, Grenoble, Saint-Etienne, Toulouse, Limoges, Ville-Evrard…
Dans un communiqué daté du 2 février, le CIH appelle à « intensifier le mouvement des démissions et à boycotter les réunions administratives concernant le financement de l’hôpital et l’évaluation comptable de l’activité médicale ».
Et demande aux présidents de CME (Commission médicale d’établissement) de « s’engager publiquement à ne pas proposer aux directions de remplaçants pour les postes de chefs de service ».