Médecine générale : les temps de consultations s’allongent, les délais d’accès aux spécialistes aussi !

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Les rendez-vous chez le spécialiste pour une demande d’avis urgent sont encore trop difficiles à obtenir, selon une étude réalisée par le premier syndicat de généralistes MG France, qui appelle la profession à mieux s’organiser au regard de l’évolution de la médecine générale. 

Médecine générale : les temps de consultations s’allongent, les délais d’accès aux spécialistes aussi !

© Midjourney x What's up Doc

Certaines spécialités médicales sont encore trop difficile d’accès en cas de demande d'avis par un généraliste, particulièrement en dermatologie (pour 20% des répondants) et en psychiatrie (17%), selon cette enquête réalisée auprès de 1 000 généralistes du 14 septembre au 7 octobre. 

Lorsqu’un généraliste demande un « avis rapide » d’un dermatologue, par exemple en cas de suspicion de cancer, « dans un gros tiers des cas, ce n’est pas possible avant trois mois », a commenté hier le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire national adjoint de MG France, lors d'une conférence de presse.

Une tendance encore plus frappante en psychiatrie, où moins de 5% des généralistes parviennent à avoir un avis d’un psychiatre dans la semaine. Plus de la moitié d’entre eux doivent attendre plus de trois mois. Et la proportion est encore plus importante (79%) lorsqu’il s’agit d’un pédopsychiatre. 

Chez le cardiologue, il faut compter au moins huit jours dans 59% des cas et plus d'un mois dans un quart des cas.

En revanche, l'accès est plus fluide pour un rendez-vous chirurgical (91% des rendez-vous sont obtenus dans le mois, dont 48% sous 7 jours) et pour un examen d’imagerie (79% dans le mois, dont 28% sous 7 jours).

La durée de consultation explose

« On n’a cessé de répéter pendant les négociations conventionnelles que notre temps de consultation a changé », explique Agnès Gianotti, la présidence de MG France, s’appuyant sur une récente étude publiée dans le British Journal of General Practice.

Cette enquête sur l’évolution des soins primaires au Royaume-Uni a notamment montrée qu’entre 2005 et 2019, la durée moyennes des consultations de médecine générale a augmenté de 36,9%, passant de 39 minutes à 58 minutes en moyenne.

Mais « on observe les mêmes tendances » en France, continue Agnès Giannotti, « Il y a 20 ans, je faisais 35 consultations par jour, maintenant j’en fais 25 et je travaille autant ». « Tout le monde nous le dit », martèle Jean-Christophe Nogrette.

Une durée de consultation que l’étude impute à deux facteurs : le doublement de la charge administrative et une augmentation de la multimorbidité (fait de souffrir de plusieurs maladies chroniques).

Intransigeant sur l’accès direct au spécialiste

Le métier de médecin traitant est donc en train de changer et « il va falloir mieux s’organiser entre nous », insiste Agnès Giannotti, qui rappelle qu'une consultation de médecine générale sur dix aboutit à une demande d'avis spécialisé. 

Ainsi, la présidente de MG France dit « compter beaucoup » sur la mise en place des équipes de soins spécialisées (ESS), comme sur l'arrivée les nouvelles générations de médecins. 

Les ESS, actés par la nouvelle convention médicale, sont des regroupements de professionnels d’une même spécialité médicale dans un territoire donné, pour répondre plus rapidement aux demandes des généralistes.

Cependant, conformément à la position défendue par le syndicat, Agnès Giannotti s’est à nouveau opposée à la proposition des spécialistes de pouvoir s’adresser directement des patients entre eux. « C’est uniquement une demande tarifaire, pour pouvoir coter l’Avis ponctuel consultant (APC) », cette consultation à tarif double, a-t-elle estimé. 

Concernant la baisse de la prise en charge par l’Assurance maladie des consultations de 70% à 60%, comme prévu par le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS 2025), « c’est un tsnunami », selon la présidente de MG France, qui craint des répercutions graves sur les patients « juste au-dessus des minima sociaux »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/la-baisse-du-remboursement-des-consultations-par-la-secu-va-creuser-les-inegalites-dacces

« C’est un point de bascule d’un système solidaire vers un système assurantiel (…) Pierre Laroque doit se retourner dans sa tombe », a-t-elle déclaré. 

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