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Les 194 pays membres de l'OMS espéraient pouvoir boucler un texte avant la fin de l'année mais ils « ont encore du travail à faire », a déclaré Anne-Claire Amprou, co-présidente de l'organe de négociation et ambassadrice française en charge des questions de santé mondiale, lors d'un point de presse à Genève.
Ils ont convenu de « poursuivre les négociations jusqu'en 2025, avec pour objectif de conclure l'accord d'ici la prochaine Assemblée mondiale de la santé prévue en mai », a-t-elle ajouté.
Les négociations se sont transformées en un bras de fer entre les pays occidentaux, où l'industrie pharmaceutique pèse lourd, et les pays plus pauvres qui ne veulent pas se retrouver mis sur la touche comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid-19, forcés d'attendre les vaccins que les pays riches s'arrogeaient en priorité.
Le retour de Donald Trump à la présidence américaine en janvier 2025 risque aussi de changer la donne.
Lors de son premier mandat, il avait commencé à retirer les Etats-Unis de l’OMS avant que le président actuel Joe Biden ne décide de revenir dans l'organisation.
Un nouveau round début décembre
Les discussions à Genève vont se poursuivre encore toute la semaine et reprendront début décembre pour un nouveau round d'une semaine, a indiqué Precious Matsoso, la co-présidente sud-africaine de l'organe intergouvernemental de négociation, qui a aussi insisté sur les progrès qui avaient été faits.
En juin, lors de l'Assemblée mondiale de la santé (l'organe décisionnel suprême de l'OMS), les pays membres avaient convenu de se donner jusqu'à la prochaine assemblée en mai 2025 pour conclure et adopter l'accord et même d'essayer de le faire avant la fin de cette année.
Mais lundi était le dernier jour pour pouvoir convoquer une session extraordinaire au mois de décembre, et les diplomates réunis depuis le début de la semaine dernière à Genève pour le 12ème tour de négociations ont été forcés de reconnaître qu'ils ne trouveraient pas de consensus sur un texte final à temps.
Des différends sur le partage d’informations et des traitements
En décembre 2021, craignant une répétition de la catastrophe causée par le Covid-19 -qui a tué des millions de personnes, coûté des milliers de milliards et mis à genoux les systèmes de santé- les 194 pays membres de l'OMS ont convenu de trouver un accord sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies.
L'émergence d'une nouvelle souche de mpox, l'épidémie mortelle du virus de Marburg au Rwanda et la propagation de la grippe aviaire H5N1 ces derniers mois ont clarifié les enjeux.
Si une grande partie du projet de texte a été approuvée, des différends subsistent sur certaines dispositions clés, notamment sur le partage de l'accès aux agents pathogènes à potentiel pandémique, puis sur le partage équitable des avantages qui en découlent, tels que les vaccins, les tests et les traitements.
La 12ème session de négociations depuis le 4 novembre n'a pas permis de progresser suffisamment et rapprocher les points de vue sur les paragraphes les plus délicats.
« C’est trop tard »
« En termes de contenu, il y a encore un gouffre », note Thiru Balasubramaniam, représentant à Genève de l'ONG Knowledge Ecology International, qui suit de près les pourparler.
Pour lui, la clé réside dans un compromis sur une surveillance accrue d'agents pathogènes émergents, et bien sûr le partage d'informations sur les agents pathogènes et des produits qui en sont dérivés comme des vaccins ou des tests.
« Si les Etats membres parviennent à relier ces deux pièces difficiles du puzzle, alors le reste suivra peut-être », estime-t-il.
K.M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network, rapporte que les négociateurs débattent des conditions dans lesquelles vaccins, tests et autres traitements seraient partagés avec les pays les plus pauvres, et dans quelle proportion de la production totale.
« Les pays développés disent qu'ils ne donneront qu'en cas de pandémie », explique le chercheur, mais selon lui « C'est trop tard ».
Avec AFP