Maladies à prions : La recherche vit un temps d’arrêt

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Récemment détecté chez un agent retraité, un nouveau cas de Creutzfeldt-Jakob contraint la recherche sur les prions à trois mois d’arrêt. Une mesure de précaution pensée pour « faire la lumière sur la forme de la maladie contractée. »


Maladies à prions : La recherche vit un temps d’arrêt

Arrêt temporaire des recherches sur les prions. Le 27 juillet dernier, un moratoire de trois mois a été décidé après qu’un deuxième cas de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) ait été détecté. Une décision collégiale, prise par l’ANSES, le CEA, le CNRS, l’Inrae et l’Inserm, qui contraint les neuf équipes travaillant actuellement sur les prions en France à stopper leur travail.

C’est un ancien agent toulousain de l’Inrae qui est aujourd’hui victime de cette maladie pour laquelle aucun traitement n’existe à ce jour. Pour rappel, la maladie de Creutzfeldt-Jakob - surnommée MCJ - est une pathologie rare caractérisée par une dégénérescence rapide et fatale du système nerveux central. « Elle est due à l’accumulation dans le cerveau d’une protéine normalement exprimée mais mal conformée - la protéine prion - qui conduit à la formation d’agrégats délétères poru les neurones », indique l’Inserm dans un communiqué de presse. « Il pourrait s’agir d’un second cas de MCJ par voie infectieuse affectant un scientifique ayant travaillé sur les prions », nous précise l'Inrae, qui souligne que la forme de la maladie de leur laborantin - génétique, sporadique ou iatrogène - n’est pas encore connue.

Un flou que ce temps d’arrêt doit permettre de dissiper. « Nous n’avons pas connaissance d’accident du travail déclaré en lien avec des prions. Cette période doit aussi permettre de faire la lumière sur la forme de la maladie contractée », atteste l’Inrae. Une première étape d’analyse interne a donc été prévue par l’Institut de recherche. Au travers de ce travail d’enquête, l’Inrae espère être en mesure de « retracer les différentes situations en laboratoires lors desquelles cet agent aurait pu être exposé à des prions lors de manipulations. »

Comme indiqué par l’Inrae, ce n’est pas la première fois qu’un tel incident est recensé dans le cadre de la recherche sur les maladies à prions. En 2019, une assistante-ingénieure décédait de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Une infection qu’elle avait contractée en 2010, à la suite d’une blessure lors d’une expérimentation. L’enquête menée après cet accident avait alors conclu « à la conformité règlementaire des locaux, des mesures de prévention et de documentation de ces laboratoires ». De ce précédent, une expérience est d’ailleurs en train d’être tirée. « Le rapport de l’Inspection générale publié le 28 octobre 2020 […] avait proposé en particulier un renforcement du cadre national dans le domaine », explique l’Inrae, qui indique qu’un « guide de bonnes pratiques » doit notamment paraître en octobre 2021.

Et pour cause, la recherche sur les prions est en effet à fort enjeu de santé publique. « [Elles] permettent des avancées majeures dans la compréhension du fonctionnement de ces pathogènes infectieux et trouver des traitements à terme à ces maladies dégénératives », explicite l’Inrae. Cela, sans oublier que les travaux en cours disposent de résultats transférables vers d’autres maladies dégénératives apparentées comme les maladies d'Alzheimer et de Parkinson. Un savoir dont personne n’a envie de se passer.

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