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Le 13 juin 2025, la chambre disciplinaire de première instance de l’Ordre des médecins du Grand Est a prononcé une sanction inédite contre le Dr Damien Barraud : trois mois d’interdiction d’exercer, dont un mois ferme, à compter du 1er septembre 2025. En cause, des propos jugés « injurieux et diffamatoires » publiés sur le réseau social X (ex-Twitter), principalement à l’encontre de membres de l’association BonSens.org, connue pour ses positions antivaccins.
Cette décision, révélée dans une tribune publiée dans Le Point, signée par près de 100 soignants, scientifiques et citoyens, parmi lesquels Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, suscite une vague d’indignation dans la communauté médicale. Ces signataires y dénoncent un « harcèlement ordonné » et une procédure « idéologiquement biaisée » contre un médecin connu pour son engagement en faveur de la science et de la vaccination pendant la pandémie de COVID-19.
BonSens.org, le complotisme sous couvert de « liberté » ?
BonSens.org se présente comme une association défendant la « liberté de choix thérapeutique » et contestant les politiques vaccinales, qu’elle juge imposées sans fondement scientifique suffisant. Le dossier repose principalement sur une plainte déposée par Jean-Yves Capo, membre fondateur de BonSens.org, qui accuse le Dr Barraud d’avoir publié des messages « violents » et « contraires à la déontologie ».
Parmi eux, un tweet particulièrement virulent : « Merci de rédiger vos directives anticipées pour dire qu’en cas d’agonie vous refusez toute sédation analgésie. Je me ferai un plaisir de vous regarder étouffer avec les yeux sortant des orbites. »
Deux autres plaintes émanant de membres de la même association ont suivi, l’une ayant également été transmise à la chambre disciplinaire par le CDOM 57. L’un des plaignants s’est d’ailleurs publiquement félicité de sa démarche sur X.
L’Ordre, complice d’un règlement de comptes idéologique ?
Ce qui alarme les défenseurs du Dr Barraud, ce n’est pas tant la plainte elle-même, mais plutôt l’attitude de l’Ordre.
Le CDOM 57 ne s’est pas contenté de transmettre les plaintes : il s’est associé à l’une d’entre elles, et a reproché au médecin un manque de confraternité envers ses pairs, notamment ceux de l’IHU Méditerranée. Un comportement qui, selon les signataires de la tribune, trahit la mission de l’institution.
La tribune pointe également de graves irrégularités procédurales : une responsable du CDOM 57 impliquée dans l’affaire aurait un passif personnel avec le médecin visé, un conflit d’intérêts qui aurait dû la conduire à se récuser, en vertu du droit français et de la Convention européenne des droits de l’homme.
De surcroît, Xavier Azalbert, président de BonSens.org et plaignant indirect, a été condamné en décembre 2024 pour diffamation envers le Dr Barraud. Enfin, la présence dans la procédure d’une avocate défendant à la fois BonSens.org et intervenant dans le dossier disciplinaire interroge sur les garanties d’impartialité.
Une sanction à portée dissuasive
Cette affaire devient un symbole de la fragilité de la parole scientifique face à l’activisme complotiste. Le Dr Barraud, figure des réseaux sociaux sous le pseudonyme @fluidloading, s’est illustré durant la pandémie par ses prises de position incisives contre les théories antivax et la désinformation.
Mais ses soutiens rappellent aussi le contexte : ce médecin réanimateur a reçu des menaces de mort dès 2020 pour avoir défendu la vaccination. « Notre confrère est suspendu parce qu’il a résisté contre des vagues de merde pendant des années », résume le Dr Mathieu Wargon sur LinkedIn.
Au-delà du cas personnel, c’est l’institution ordinale elle-même qui est aujourd’hui dans la tourmente. Accusée de partialité, l’Ordre des médecins est pressé de réagir.
Les signataires de la tribune demandent : le retrait des compétences du CDOM 57 dans les procédures visant le Dr Barraud, l’annulation de la sanction par la chambre disciplinaire nationale et une réforme structurelle pour garantir des procédures transparentes, équitables, et protégées de toute influence idéologique.
La profession est en alerte. « Si l’on peut abattre un réanimateur pour avoir défendu la science, alors plus aucun d’entre nous n’est à l’abri », préviennent les soignants. La tribune conclut par : « Si l’on sacrifie la vérité, que restera-t-il de la médecine, et de la science ? »
Contacté, le CDOM n'a, pour l'instant, pas donné suite à nos sollicitations.
Il faut radier ces médecins qui n’ont plus que leur diplôme pour les légitimer, et attaquer la décision et les membres du conseil de l’Ordre.
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