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Parfois invisible, souvent mal comprise l’endométriose touche pourtant environ une femme sur dix en âge de procréer. Douleurs pelviennes, règles invalidantes, fatigue chronique, troubles digestifs ou urinaires, difficultés à concevoir… les symptômes sont multiples et parfois déroutants. Cette hétérogénéité clinique explique en partie pourquoi de nombreux praticiens passent encore à côté du diagnostic, notamment lorsque les signes ne sont pas “typiques”.
L’étude nationale,”Diagnostic Discrepancies and Clinical Value of Second medical opinions (SMO) for Endometriosis: A Nationwide Study analysis” publiée, hier 15 décembre, dans le BMC Women’s Health s'intéresse à l’apport du deuxième avis médical spécialisé dans le diagnostic de l’endométriose. Basée sur 2 987 dossiers de patientes issus de la plateforme deuxiemeavis.fr, elle montre qu’un avis expert, en particulier un second avis médical, permet de réduire les discordances entre les examens et le tableau clinique de la patiente et de préciser le diagnostic initial dans plus d’un cas sur deux.
Des patientes jeunes et lourdement impactées
Les femmes incluses dans l’étude étaient majoritairement jeunes, âgées en moyenne de 29 ans, et sans enfant dans 74 % des cas. La plupart exerçaient une activité professionnelle ou étaient étudiantes, mais près d’une sur deux déclaraient des arrêts de travail fréquents en raison de la douleur ou de la fatigue.
Plus de six patientes sur dix souffraient de douleurs chroniques, avec une intensité moyenne de 6/10 sur l’échelle EVA. Les règles douloureuses concernaient une femme sur deux, et près de 70 % interrompaient leurs rapports sexuels à cause de la douleur. La fatigue persistante touchait près de 9 patientes sur 10, et la majorité déclarait recourir régulièrement aux antalgiques.
Chez les plus jeunes, les conséquences ont été perçues dès le lycée ou au début des études supérieures : plus de 60 % rapportaient des absences scolaires répétées.
Ces données rappellent que l’endométriose ne se limite pas à une pathologie gynécologique, mais bien à une maladie chronique et invalidante, bouleversant la vie personnelle, professionnelle et affective de nombreuses femmes.
L’expertise au cœur du diagnostic
Dans l’endométriose, une IRM mal interprétée peut retarder la prise en charge de plusieurs années. L’étude montre qu’un deuxième avis médical expert permet non seulement d’éviter les erreurs diagnostiques, mais aussi d’orienter plus rapidement les patientes vers les bons soins. En effet, l’étude révèle qu’après relecture des examens d’imagerie (relecture IRM et prise de connaissance du compte rendu d’échographies pelviennes) par des spécialistes de l’endométriose, le diagnostic initial est corrigé dans plus d’un cas sur deux (51,1% des cas).
Les 26 experts mobilisés dans cette étude – radiologues référents en imagerie pelvienne et gynécologues spécialisés – ont assuré une relecture standardisée et collégiale, gage de fiabilité. Cette approche multidisciplinaire, rare à grande échelle, prouve que le deuxième avis n’est pas une démarche accessoire : c’est une étape cruciale du parcours de soins.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/endometriose-limpact-dun-avis-specialise-complementaire-sur-dossier-entre-cout-et-qualite
Les chiffres sont parlants : le taux d’incertitude diagnostique chute de 24,7 % à seulement 5 % et le délai moyen de diagnostic tombe à 3,8 ans, contre 5 à 12 ans selon la littérature internationale, 10 ans en moyenne selon une récente étude française exploitant la cohorte ComPaRe endométriose1.
Un deuxième avis pour accélérer et égaliser le diagnostic
Les auteurs de l’étude plaident pour que le recours au deuxième avis expert soit intégré plus systématiquement dans les protocoles de diagnostic. À terme, cette démarche pourrait réduire significativement l’errance diagnostique, améliorer la précision des examens d’imagerie et restaurer la confiance des patientes dans leur parcours de soins.
Deuxiemeavis.fr répond à ce besoin, puisque le délai moyen pour obtenir un avis d’expert est de 3,6 jours. Grâce à la plateforme, les patientes peuvent transmettre leurs examens en ligne et recevoir un compte rendu détaillé rédigé par un spécialiste de référence. Cette accessibilité numérique est un atout majeur pour réduire les inégalités territoriales. Dans certaines régions, l’absence de centre expert en endométriose prolonge encore les délais de diagnostic. Le modèle de deuxiemeavis.fr permet de lever ces barrières géographiques et d’offrir à toutes les femmes le même accès à l’expertise. « Un deuxième avis est fondamental pour une pathologie aussi complexe. C’est vraiment une étape clé du parcours de soins » précise Pr Sofiane Bendifallah, l’un des co-auteurs de l’étude.