L’internat de Baptiste Beaulieu

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La nostalgie des Urgences

L’internat de Baptiste Beaulieu

Baptiste Beaulieu, jeune généraliste et écrivain à succès, revient pour What’s up Doc sur ses (pas si lointaines) années de formation… et sur ce qu’il aime dans la médecine.

What’s up Doc. Est-ce que les études médicales ont été une période épanouissante pour toi ?

Baptiste Beaulieu. Non. La valeur que je place avant tout dans ma vie, c’est la liberté. Dix ans d’études de médecine, c’est dix ans d’astreinte, dix ans sur une chaise, un peu comme dans les écoles coraniques. J’ai souffert de ce côté trop encadré. Ce qui ne m’a pas empêché d’aimer ce que je faisais !

WUD. Qu’est-ce que tu as aimé en particulier ?

BB. Les urgences. Il y a un côté aigu qui crée avec les patients un lien d’humanité très fort, et qui m’a passionné. Toi, tu vois juste un patient que tu prends en charge et qui va partir dans les étages. Mais lui, il est en train de vivre quelque chose qui va le marquer pour toujours.

WUD. Si tu aimais tant les urgences, pourquoi n’as-tu pas poursuivi ?

BB. C’est une bonne question. Je regrette tous les jours de n’avoir pas fait le DESC de Médecine d’Urgence. Mais j’avais tellement de choses à faire que ce n’était pas possible. Aujourd’hui, les urgences me manquent, et je veux y retourner. Il y a quelque chose dont on ne parle pas beaucoup pendant les études de médecine : c’est la solitude du généraliste. Au cabinet, je ne me marre pas beaucoup avec mes patients. Alors qu’à l’hôpital, tu as toujours moyen de te rigoler avec les collègues, et même avec les patients.

WUD. Tu n’es pas un généraliste heureux ?

BB. Si, bien sûr. Soigner les gens, c’est très narcissique, en fait. Et d’ailleurs, peu importe que tu soignes pour te sentir nécessaire ou que tu soignes par pur altruisme. Du moment que ton patient sort en allant mieux, on se fiche pas mal de l’intention.

WUD. Est-ce aussi la manière dont tu envisages l’écriture ?

BB. Bien sûr. Je fais des livres grand public, de la littérature populaire qui fait du bien aux gens. C’est mon côté soignant : quand je reçois un message de quelqu’un qui a terminé mon bouquin dans la nuit et qui me dit que ça lui a fait du bien, quand je m’aperçois que j’ai eu un impact dans la vie d’une personne que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, je me dis que j’ai réussi quelque chose.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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